Le Brexit l'emporte, la Grande-Bretagne va quitter l'Union européenne

Le Brexit l'emporte, la Grande-Bretagne va quitter l'Union européenne
David Cameron appelait à voter, le 21 juin 2016 (MATT DUNHAM/AP/SIPA)

Les derniers sondages penchaient pour le "remain". C'est finalement le "leave" qui l'emporte. Les Britanniques vont quitter l'UE, un processus qui va provoquer d'immenses remous.

Par Le Nouvel Obs
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Les Britanniques ont voté à 51,9% pour une sortie de l'Union européenne, selon les résultats définitifs publiés vendredi matin 24 juin à 8h (heure française). Un référendum historique qui fait déjà sentir ses premiers effets sur les marchés financiers.

Après le Brexit, l'apocalypse ?

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Le Brexit s'est rapidement confirmé dans la nuit après dépouillement dans 300 des 382 centres du pays, peu avant 6h heure de Paris, selon le décompte officiel, grâce à des résultats largement favorables dans plusieurs villes du nord de l'Angleterre et au Pays de Galles.

David Cameron a annoncé ce vendredi matin sa prochaine démission de ses fonctions de Premier ministre pour laisser à un autre le soin d'engager les négociations de sortie de l'Union européenne.

"Les Britanniques ont pris une décision claire [...] et je pense que le pays a besoin d'un nouveau leader pour prendre cette direction", a déclaré David Cameron, qui avait milité pour le maintien dans l'UE.

Il a précisé qu'il resterait en place jusqu'à l'automne et la désignation d'un nouveau leader par son Parti conservateur lors de son congrès début octobre, dans une allocution devant le 10, Downing Street.

Impacts économiques

Dans la foulée, la bourse de Tokyo a plongé de 5%. Les bourses européennes ont suivi le même mouvement dès leur ouverture. Et nombre de responsables européens se lèvent ce vendredi avec une gueule de bois politique.

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Le gouverneur de la Banque d'Angleterre (BoE) Mark Carney a déclaré que l'institution était prête à injecter 250 milliards de livres (326 milliards d'euros) de fonds additionnels afin d'assurer des liquidités suffisantes pour le fonctionnement des marchés.

La livre britannique s'est effondrée dans la matinée. Après avoir atteint un sommet depuis mi-décembre, à 1,5018 dollar pour une livre, alors que les derniers sondages montraient une courte avance du camp du maintien, la devise britannique a perdu jusqu'à près de 12% de sa valeur - pour tomber à 1,3229 dollar vers 6h25 (heure française), au plus bas en plus de 30 ans - alors que les résultats commençaient à montrer une victoire du Brexit.

Une victoire de Farage

Peu avant les prévisions de la BBC et de plusieurs autres chaînes britanniques, le leader du parti europhobe Ukip, Nigel Farage, a dit commencer "à rêver d'un Royaume-Uni indépendant".

"Si les prévisions se vérifient, ce sera la victoire des vrais gens, des gens ordinaires", a lancé Nigel Farage, cofondateur de l'Ukip en 1993, qui œuvre depuis le début pour un Brexit.

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"Nous l'avons fait pour l'Europe entière. J'espère que cette victoire va faire tomber ce projet raté et nous guider vers une Europe de nations souveraines", a-t-il ajouté.

La participation a été estimée officiellement à 72,2%.

Champagne à Vote.Leave

Au QG de la campagne de "Vote Leave", dans un immeuble londonien, l'atmosphère était à la fête : les bouchons de champagne ont sauté à l'annonce du premier résultat pour un Brexit, celui de la ville de Sunderland. Des cris de joie accueillaient l'annonce à la télévision de chaque résultat favorable à la sortie de l'UE.

Des drapeaux britanniques constellaient les tables et les militants attendaient d'avoir plus de résultats avant d'attaquer un gros gâteau "Leave" en forme de bouteille de champagne.

Les derniers sondages penchaient pourtant plutôt vers un maintien dans l'UE. Un ultime sondage YouGov publié à la clôture des bureaux de vote avait donné le maintien dans l'UE en tête à 52% contre 48%. Deux autres enquêtes d'opinion conduites avant et après le vote donnaient le même écart.

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L'enjeu est de taille et tous les dirigeants européens sont intervenus pour retenir les Britanniques, conscients que leur départ ferait peser une menace de désintégration du club des pays membres de l'UE.

Le président français François Hollande avait estimé qu'il faudrait "engager une relance de la construction européenne", quelle que soit l'issue du référendum.

Outre les conséquences économiques immédiates pour le pays et au delà, un Brexit serait dommageable à plus long terme, ont prévenu les grandes institutions financières internationales, du FMI à l'OCDE.

Turbulences politiques

Un Brexit ouvrirait aussi une période de turbulences politiques, avec un possible départ de David Cameron.

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Le Premier ministre britannique, qui a mis en jeu sa crédibilité en menant campagne pour le maintien dans l'UE, a voté à Londres sans faire de déclaration. Il a appelé un peu plus tard ses compatriotes à opter pour le maintien, gage selon lui d'un "avenir meilleur".

Le référendum a exposé les profondes divisions au sein des Tories et de son gouvernement conservateur, dont plusieurs membres ont fait campagne pour un Brexit.

Malgré ces divisions, 84 députés conservateurs eurosceptiques ont publié après la fermeture des bureaux de vote une lettre affirmant que David Cameron devait rester Premier ministre quel que soit le résultat du référendum.

"Nous, partisans d'une sortie et membres du parti conservateur [...] estimons que, quelle que soit la décision du peuple britannique, vous avez à la fois le mandat et le devoir de continuer à diriger la nation", ont écrit les signataires, dont Boris Johnson, chef de file du camp du Brexit et ex-maire de Londres.

Cherchant à freiner les divisions au sein de son parti conservateur, David Cameron avait annoncé en janvier 2013 la tenue de ce référendum. Mais il a ouvert une boîte de Pandore et déchaîné les passions, attisées par les redoutables tabloïds britanniques, toujours prompts à vilipender l'UE.

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