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Le conseiller régional occitan David Grosclaude poursuit sa grève de la faim à Bordeaux

David Grosclaude entame ce samedi un 4e jour de grève de la faim à l'Hôtel de Région à Bordeaux. Depuis mercredi, le conseiller régional d'Aquitaine, membre du parti occitan, a choisi la manière forte pour se faire entendre. Il dénonce un mépris des langues régionales qui bloque le projet d'Office public de la Langue Occitane. Entretien.

David Grosclaude (3è à partir de la gauche) entame son 4è jour de grève de la faim ce samedi.
David Grosclaude (3è à partir de la gauche) entame son 4è jour de grève de la faim ce samedi. © Radio France - Xavier Ridon

David Grosclaude dénonce le blocage du projet d'Office public de la Lanque Occitane. Cette création, votée en juin 2014 par les Conseils régionaux d'Aquitaine et de Midi-Pyrénées, nécessite la parution d'un arrêté ministériel qui ne vient pas. Il aurait dû être produit en décembre 2014. Mais rien ne se passe malgré sa grève de la faim. Il est par ailleurs soutenu par de nombreux élus dont le président de la région Aquitaine, Alain Rousset.

France Bleu : Après quatre jours, dans quel état êtes-vous ?

*David Grosclaude : * Je suis en bonne santé, mais je sais que ça peut être plus long. Je m’apprête à passer le week-end ici, jusqu’à lundi matin, peut-être un peu plus. Le bilan est plutôt positif. Je suis réconforté par les centaines et les milliers de soutiens que je reçois de citoyens de bases, des dizaines d’élus aussi qui m’assurent de leurs soutiens et disent comprendre ma démarche. Une assemblée, celle de Corse, vient de voter une motion.

"Les soutiens viennent de toute l'Europe"

Il y a aussi mon président de région Alain Rousset. J’entends dire que Jean-Jacques Queyranne du Rhône-Alpes va aussi envoyer une lettre au Premier ministre.

"Que n'i a pro d'estar mespresats !" slogan de David Grosclaude
"Que n'i a pro d'estar mespresats !" slogan de David Grosclaude © Radio France - Xavier Ridon

Des députés de Gironde, des Pyrénées-Atlantiques, d’un peu partout, des soutiens viennent de toute l’Europe. Il y a aussi une vingtaine d’euro-députés, dont José Bové. Ce soutien me fait penser que ce que j’ai demandé n’est pas quelque chose d’extraordinaire.

C’est-à-dire ?

Je demande juste qu’on respecte la décision de deux assemblées régionales et qu’on arrête de faire trainer les dossiers.

Alain Rousset en a parlé personnellement à François Hollande, quels échos en avez-vous ?

Je sais que le cabinet est intervenu pour que ça débloque. Un cabinet ministériel m’a appelé en me promettant que ça va être débloqué mais on m’a déjà fait la semaine il y a trois semaines, trois mois, six mois… Maintenant, je veux des choses concrètes.

"Que n'i a pro d'estar mespresats ! Il y en a assez d’être méprisé !"

On va rentrer dans l’été. Je me suis engagé dans une demande un peu radicale mais légitime et légitimée par le soutien qu’on m’apporte. Je veux une réponse avec garantie car il est normal que deux assemblées qui votent à l’unanimité demandent des garanties qu’on respecte leur décision. C’est la démocratie. Ce n’est rien de plus. Je ne vais pas plus loin.

Quelle garantie vous conviendrait  ?

Un engagement d’une autorité qui a la capacité de me dire : "cet arrêté ministériel qui crée l’office public de la Langue Occitane sera publié tel jour dans le Journal Officiel. Je m’y engage". Ça peut être ça.

Le silence du gouvernement vous énerve ?

Je crois que ça énerve tout le monde quand vous avez travaillé quelque chose, en plus dans une enceinte publique avec de l’argent publique et que vous avez des comptes à rendre, que derrière ça n’avance pas, qu’il n’y ait pas de réponse, c’est très énervant. C’est pour ça que je dis : "Que n'i a pro d'estar mespresats ! Il y en a assez d’être méprisé !" parce que je sens de la condescendance, un peu de mépris dans ce silence. On ne nous répond rien de concret, aucune lettre. On téléphone, mais on n’arrive pas à obtenir de vraies réponses.

"Si l’Etat ne peut pas s’occuper de ça, qu’il nous laisse faire."

Si l’Etat ne peut pas s’occuper de ça, qu’il nous laisse faire. C’est aussi ça la décentralisation, la régionalisation, la responsabilisation. On n’est pas des enfants. Nous sommes des élus qui avons voté à l’unanimité.

"Si l’Etat ne peut pas s’occuper de ça, qu’il nous laisse faire." dit David Grosclaude
"Si l’Etat ne peut pas s’occuper de ça, qu’il nous laisse faire." dit David Grosclaude © Radio France - Xavier Ridon

On est capable d’appliquer nos décisions. Si l’Etat ne veut pas mettre de l’argent et pas mettre de moyens, ne pas s’impliquer : d’accord, mais qu’il n’entrave pas notre travail.

C’est un symbole d’une crise démocratique pour vous ?

Qu’est-ce qu’on dit au café du commerce ? "Ils font des promesses et ne les tiennent pas… Et s’ils prennent des décisions, ils ne les appliquent pas." C’est gravissime en démocratie. C’est symptomatique. Et puis, quand on parle de langues régionales en France, on est assez condescendant et parfois assez méprisant.

"Défendre sa langue et sa culture, ce n’est pas s’enfermer dedans".

Ça, il faut que ça change. On est les derniers en Europe, au monde à avoir cette vision étriquée de la société. Une société est diverse culturellement. Je crois que c’est un fondement de la démocratie. Défendre sa langue et sa culture, ce n’est pas s’enfermer dedans, c’est au contraire avoir un outil de plus pour s’ouvrir aux autres.

Qu’attendez-vous désormais ?

J’attends une décision. J’attends qu’on vienne me dire ce qu’on va faire. Si l’Etat me dit qu’on ne fait rien, il assumera sa décision par rapport à l’ensemble de mes collègues et des citoyens. S’il me dit "on fait", je demande quand et que ça se fasse vite car ça fait déjà un an.

"Je ne suis pas Bobby Sands".

Jusqu’où voulez-vous aller ?

Je ne suis pas Bobby Sands [Irlandais, membre de l'IRA, mort après 66 jours de grève de la faim], mais il y a du soutien derrière. Il y a des gens qui sont prêts à soutenir, à mener des actions. Des gens ont entendu ce que j’ai dit. Il y a des résonnances dans le monde politique. Des élus - de tous les bords - m’ont appelé et m’ont dit que j’avais raison. Il y a du mécontentement aussi chez les représentants du peuple.

Propos recueillis par Xavier Ridon.

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