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Laurence Rossignol sur Padreblog

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05 février 2017

Madame la Ministre Laurence ROSSIGNOL sur Padreblog. Un entretien exclusif et un échange respectueux sur des sujets sensibles.

Pour accompagner la vidéo de l’entretien accordé par Laurence Rossignol, il nous a semblé intéressant de partager avec vous quelques éléments de décryptage et les enseignements que nous en tirons.

Pourquoi inviter Madame Rossignol ?

Il est toujours plus confortable de dialoguer avec ceux qui pensent comme nous. Mais si nous ne parlons qu’avec eux, l’Eglise ne serait qu’un club de gens qui se fréquentent. Parce qu’il est avant tout un disciple du Christ, le prêtre est un homme de rencontres. Nous croyons même que seule l’Eglise peut dialoguer avec tous sans perdre son âme.

Combattre les idées, jamais les personnes

Dans cet échange avec Madame Rossignol, les points de désaccords ne sont aucunement évités. Avec d’autres figures politiques de premier plan, elle a été l’un des acteurs de la déconstruction qui nous a fait (et continuera) de nous faire réagir. Lors de débats à l’Assemblée Nationale, elle a manifesté une grande virulence contre ceux qui se sont opposés à son projet de loi – liberticide – de délit d’entrave numérique à l’avortement. Dans une démarche inédite, nos évêques avaient alerté le président de la République pour s’en émouvoir. Cette virulence nous a blessés. Comme elle le dit elle-même, nous continuerons de combattre les idées de Madame Rossignol non pas seulement parce qu’elles heurtent nos convictions de croyants mais aussi la simple vérité scientifique. Mais nous ne combattons pas Madame Rossignol. Rien ne justifiera jamais l’insulte ou la caricature, même si nous en sommes nous-mêmes parfois les victimes. Il y a des combats à mener, il y a aussi une manière de les mener, de la simple politesse ou l’élégance jusqu’à, parfois, l’héroïsme. A l’occasion d’une ancienne polémique, nous tirions cette conclusion : « Fidélités à nos convictions, respect et ouverture aux personnes. Courage pour dénoncer le mal, audace pour construire. Lucidité et bienveillance, exigence et miséricorde. Force et douceur ! Il faut maintenir à chaque fois l’équilibre. La ligne de crête est rude à tenir. Elle est pourtant le seul chemin qui convienne aux chrétiens que nous sommes ». Nous n’en retirons pas un seul mot.

Des enseignements à en tirer

A dire vrai, au cours de cet entretien, aucun des deux ne semble convaincre l’autre. Mais est-ce seulement possible ? Ce n’est pas en vingt minutes, et encore moins sur un plateau télé, qu’on change de convictions !  Mais l’entretien est révélateur de ce qui nous sépare, comme de ce qui peut nous rapprocher. Qu’on nous permette cependant de tirer trois enseignements de cette rencontre inédite… qui en annonce d’autres :

  • Il nous faut travailler ! Nos contradicteurs sont souvent des hommes et des femmes de talents, avec une cohérence de pensée et d’action. Il serait trop facile de les enfermer dans des clichés réducteurs, une vision quelque peu binaire du « tous nuls et tous pourris ». On n’accède pas aux plus hautes responsabilités de l’Etat sans talent, ni travail, ni compétence. Cela nous oblige : à nous de travailler, pour savoir rendre compte de l’espérance qui nous anime, expliquer nos convictions, discerner la façon de les mettre en œuvre concrètement. On ne peut se contenter de râler : il nous faut travailler et nous engager. Madame Rossignol l’affirme avec raison : les idées peuvent changer le monde. Comment lui reprocher d’y croire, et d’agir en conséquence ? A nous de le croire aussi, avec autant de constance et de force : nos idées à nous peuvent aussi changer le monde ! Encore faut-il que nous les portions avec courage, talent et compétence pour que nous puissions faire l’histoire, comme nous y encourage le Pape, et pas seulement regarder la partie se jouer sans nous.

 

  • Des points de convergence sont possibles. Un regard chrétien sur les personnes consiste à ne pas se décourager d’en trouver, sans nier les désaccords qui demeurent. Le dialogue franc, respectueux et ouvert peut progressivement conduire à un bien commun possible, qui n’est pas la simple juxtaposition ou la somme des intérêts particuliers. Ainsi, la proposition de Madame Rossignol de combattre le fléau de la pornographie est une révélation exclusive, qui n’a jamais été dite sur aucun média. Ce faisant, elle accepte de se lancer dans un combat courageux contre l’industrie du porno. C’est une véritable bataille, dans laquelle nous pourrions accepter d’unir avec elle et d’autres nos forces et nos moyens. Les chrétiens doivent manifester autant d’énergie à dénoncer le mal qu’à encourager et soutenir ce qui se fait de bien, quelle que soit l’étiquette politique des personnes. C’est un devoir de cohérence et de liberté.

 

  • L’Eglise est attendue ; les chrétiens sont attendus. Nous avons une place singulière dans le débat national. C’est peut-être, entre autres, pour cette raison que Laurence Rossignol a accepté cet échange et nous la remercions une nouvelle fois. L’Eglise n’est pas un lobby qui défend ses intérêts ou une idéologie qui veut soumettre des adeptes à sa cause. Elle a une liberté de parole qui intrigue, interroge et interpelle. Elle dit ce qu’elle pense : « c’est son droit, peut-être son devoir » disait un jour Manuel Valls, à l’époque premier Ministre. Elle veut être « sel de la terre » et croit qu’il y a dans tout homme, toute femme une dimension spirituelle dont il faut prendre soin, un appel à croire, aimer et servir qu’il faut mettre à jour.
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