Annecy, c'est fini : “Ma vie de courgette” couronné, et tout le palmarès complet

Le Festival international du film d'animation a rendu son palmarès 2016, samedi 18 juin. Et il a récompensé nos favoris, qui plus est de nombreux Français. Parmi lesquels “Ma vie de courgette”, de Claude Barras. Retour sur une édition particulièrement riche.

Par Guillemette Odicino

Publié le 19 juin 2016 à 09h51

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 02h48

Alors que nous avions encore un peu mal aux cheveux, suite au barbecue Disney de la veille, qui termina sur le dance floor avec les derniers Mickey se trémoussant sur « Libérée » de La reine des Neiges, la cérémonie de clôture du festival d'Annecy s’est achevée hier soir avec un palmarès qui nous ravissait… puisque les prix principaux (tous ou presque français, ce qui démontre, à nouveau, la grande forme de l’animation hexagonale) sont revenus aux films que nous avons mis en valeur cette semaine !

Cristal ET Prix du public du meilleur long métrage ? Ma vie de Courgette, de Claude Barras (scénarisé, on le rappelle une dernière fois, par Céline Sciamma), notre chouchou qui a donc fait l’unanimité pour son pouvoir d’émotion, la justesse de ses dialogues, et son animation exigeante et pimpante.

Mention du jury pour le long métrage ? La Jeune Fille sans mains, de Sébastien Laudenbach pour son indéniable qualité artistique que nous avions célébrée dès le festival de Cannes.

Côté courts métrages, c’est un carton plein : nos trois coups de cœur y sont ! Le prix du public revient à Peripheria, de David Coquard-Dassault (France, Autour de minuit, Schmuby productions) et le prix du jury est attribué Vaysha, l'aveugle de Theodore Ushev (Blind Vaysha, ONF – Office national du film du Canada, Canada). Voilà ce que nous écrivions cette semaine : « Peripheria, du français David Coquard-Dassault, nous perd durant quelque douze minutes, dans une gigantesque cité de banlieue désertée par ses habitants, et uniquement peuplée d’énigmatiques chiens noirs, errant dans de lugubres cages d’escaliers, recoins de caves et autres labyrinthes modernes, où flottent encore, fantomatiques, quelques vestiges de la présence humaine. Réflexion en creux sur nos modes de vie, ce film à l’atmosphère suspendue, menaçante, presque post-apocalyptique, est un travail fascinant sur le vide et l’abandon, que creusent les angles durs des falaises de béton, entre jeux d’ombre et lumière d’une irréelle crudité… Avec Stem, court métrage anglais (à peine deux minutes et demi) de Ainslie Henderson, l’angoisse métaphysique fait place à l’émerveillement tout simple, teinté de mélancolie : bricolées avec trois fois rien, des bouts de ficelles, des morceaux de machine, quelques tendres marionnettes naissent à la vie sous nos yeux, le temps d’une petite ritournelle, avant de retomber pour toujours dans le néant des objets inanimés. C’est une toute autre ambiance que propose Vaysha l’aveugle, court canadien de Theodore Ushev, un conte inventif, merveilleusement crayonné dans un style à la fois naïf et torturé, à grands traits rageurs  – sur une jeune fille incapable de « voir » le présent, parce que l’un de ses yeux ne perçoit que le passé, et l’autre l’avenir. »
 
Quant au prix le plus prestigieux, le Cristal du court métrage, il couronne le poétique, pudique et fort Une tête disparaît, de Franck Dion (Papy3D productions, ONF – Office national du film du Canada, Canada, France) : « un petit bijou en douce 3D, au titre hitchockien mais au cœur tendre, sur Jacqueline, une vieille dame qui perd la tête (elle manque de l’oublier sur une table !), mais ne voit pas pourquoi elle ne prendrait pas le train toute seule pour aller voir la mer. Une femme la suit. Impossible de s’en débarrasser. Qui est donc cette « bécasse » ? se demande Jacqueline. »

Nous avions rencontré le réalisateur en début de semaine pour un petit portrait : « Qu’on se le dise, Franck Dion, très remarqué, déjà, pour son Edmond était un âne au noir et blanc soyeux (Prix Spécial du Jury à Annecy 2012) n’aime pas particulièrement … le cinéma d’animation. Son réalisateur préféré ? Claude Sautet. Et c’est vrai, à y regarder de plus près, que la gamme chromatique d’Une tête disparaît évoque vaguement les ambiances de Mado ou Max et les ferrailleurs, avec ses bruns chauds, son gris fumé(e), et son bleu mélancolique. « Je déteste les couleurs criardes. Quand j’ai commencé comme illustrateur, on me disait toujours trop triste ! Ajoute de la couleur ! J’en ai conçu une véritable allergie ». Pourquoi choisir l’animation pour s’exprimer ? « C’est le cinéma qui est tout de même au croisement de ma passion – le dessin – et de ma préoccupation majeure en tant que réalisateur : raconter des histoires de personnes en marge sans tomber dans le pathos. Ici, je voulais traiter des maladies neuronales dégénérescentes. Nous avons tous dans notre entourage une personne âgée qui perd la boule. L’animation permet de tirer ce sujet difficile vers la poésie, et même l’humour, car, à sa manière, Jacqueline retrouve la cruauté et la volonté d’émancipation de l’enfance. » Franck Dion est entré tardivement dans l’animation : « A 33 ans, j’ai envoyé simplement un projet à Didier Brunner, et cela a marché. » Il ne pouvait pas mieux choisir que le producteur, entres autres, de Kirikou et des Triplettes de Belleville. Aujourd’hui, il produit lui-même ses films au sein du collectif Papy3D. Une tête disparaît est son quatrième court, et il a signé ce matin même, un accord pour un long métrage avec Didier Brunner et Arte. « Ce sera un conte de Noël ». Pour mieux étouffer les couleurs sous la neige ? » On espère, ce soir, que le développement de son long métrage sera facilité par ce Cristal bien mérité.

Films de télévision et de commande


The New York Times, de Nicholas Van Der Kolk (Moth Collective, Royaume-Uni)

La Rentrée des classes, de Stéphane Aubier et Vincent Patar (Panique, Autour de minuit, Beast animation, Belgique, France)

Stick Man, de Jeroen Jaspaert et Daniel Snaddon (Magic light pictures, Royaume-Uni)

Films de fin d'études


Frankfurter Str. 99a, d'Evgenia Gostrer (Hochschule Für Kunst und gestaltung, school of art and design Kassel, Allemagne)

Le Balcon, de David Dell'Edera (Umbrella studio, Budapest metropolitan university, Hongrie)

Depart at 22, de Wiep Teeuwisse (HKU University of the arts Utrecht, Pays-Bas)

The Reflection of Power, de Mihai Grecu (Bathyspere productions, France, Roumanie)

4min15 au révélateur, de Moïa Jobin-Paré (Canada)

Longs métrages


Ma vie de Courgette, de Claude Barras (Blue spirit productions, Rita productions, Gebeka films, France, Suisse)

La Jeune Fille sans mains, de Sébastien Laudenbach (Les Films sauvages, Pelleas films, France)

Ma vie de Courgette, de Claude Barras (Blue spirit productions, Rita productions, Gebeka films, France, Suisse)

Courts métrages


Peripheria, de David Coquard-Dassault (Autour de minuit, Schmuby productions, France)

Moms on Fire, de Joanna Rytel (Altofilm AB, Suède)

'n Gewone blou Maandagoggend, de Naomi Van Niekerk (Nita Cronje, Afrique du Sud)

Vaysha, l'aveugle, de Theodore Ushev (ONF - Office national du film du Canada, Canada)

Une tête disparaît, de Franck Dion (Papy3D Productions, ONF - Office national du film du Canada, Canada, France)

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