De nombreux analystes électoraux gardent les habitudes de parler des « élections différentes », des élections aux « enjeux totalement éloignés », des « élections aux conséquences non comparables ». Et l’on oublie l’acteur central des élections : les électeurs eux-mêmes. On les traite souvent comme des objets statistiques, désincarnés, fonctionnant avec la mémoire du passé pour reproduire les mêmes résultats.

Il n’est donc pas étonnant que les instituts de sondage, comme les politiques eux-mêmes, se trompent de méthodologie d’analyse, et donc de résultats.

 

     Dire que les victoires relatives du Front national n’étaient pas prévisibles, c’est une paresse d’esprit. Les électeurs du Front national sont des citoyens, soumis aux contraintes de la vie quotidienne et aux craintes générées par l’état du monde dans lequel ils vivent. Le vote FN est un "baromètre qui mesure la pression sociale" ou un thermomètre qui indique le niveau de montée de la fièvre socio-économique. Pour la plupart, ce sont d’anciens électeurs de la gauche ou de la droite, qui expriment leur désespérance et leur colère en se tournant vers les discours de sécurisation, d’appropriation et de rêve du Front national. Les électeurs ne voient pas le chaos, ils expriment leurs attentes, avec les propos déjà entendus "nous avons essayé la gauche, les résultats ne sont pas arrivés. La droite nous a promis de tout réformer pour une vie meilleure, mais notre quotidien reste le même. Alors, on va essayer le Front national". Peut-on réellement les en blâmer ? Les électeurs entrent dans l’isoloir avec leurs problèmes du moment, indépendamment de l’expression de leur suffrage historique. Aujourd'hui, la mémoire électorale ne dépasse pas les deux années passées. De nombreux électeurs votent contre la droite ou contre la gauche, car ils en sont déçus. Mais comme ils tiennent à la démocratie chèrement reconquise après les tragédies du 20e siècle, et qu'ils veulent exercer leur "droit de vote" de citoyens, ils tiennent à s'exprimer. Alors, ils sanctionnent durement la gauche et la droite, en remplaçant leur bulletin par celui du Front national.

      Dans les départements qui constituent la nouvelle région du « Nord-Pas-de-Calais – Picardie », les électeurs ont effectué d’importantes mutations depuis l’élection présidentielle d’avril-mai 2007. Ils ont commencé leur mouvement vers le Front national depuis les élections régionales de mars 2010, ils l’ont amplifié à l’élection présidentielle d’avril-mai 2012. (lire à ce sujet : LA MONTEE DE L'EXTRÊME DROITE EN FRANCE par Emmanuel Nkunzumwami, Editions L'Harmattan, 2012). Aux différents scrutins de listes, ils sont de plus en plus nombreux à préférer le bulletin du Front national.

      Si l’on compare les élections européennes du 25 mai 2014 et les élections départementales de mars 2015, il se pose une question : le Front national peut-il gagner les élections régionales de décembre 2015 ? Les réponses, département par département, -canton par canton avec les détails sur les communes-, sont réunies dans des monographies consacrées à chaque département de cette nouvelle région. Le système d'élection au scrutin proportionnel de liste à deux tours avantagera le Front national. Il est parvenu à rassembler le plus grand nombre de suffrages dans plusieurs départements. Par ailleurs, la barrière de 10% pour passer au 2e tour sera franchie par plusieurs listes concurrentes. Dans de nombreuses configurations du 2e tour, nous aurons des "triangulaires" avec le Front national, l'Union de la gauche et l'Union de la droite. Et dans certains cas, nous aurons des "quadrangulaires" avec la liste du Front de gauche, constituée de tous les divers gauche autour du PG et du PC, opposée à la politique du gouvernement. Dans ce scrutin proportionnel, chaque liste tentera de gagner quelques sièges. Mais, plus les listes se multiplieront, plus le Front national aura la chance de gagner la région...

      A titre de synthèse et d'exemple, le lecteur appréciera les évolutions des électeurs sur l’ensemble de la région.

 

Nord-Pas-Calais - Picardie

 

Eur2014

Départementales 2015

Tour unique

1er tour

2e tour

Progression

FDG+DVG+PC+PG

6,69

10,33

5,72

-4,61

Union de la gauche

17,80

25,28

20,64

-4,64

Union de la droite

26,87

29,52

33,74

4,22

Front national (seul)

36,24

34,19

39,61

5,42

INSCRITS

4 221 218

4 216 164

4 123 017

-2,2%

Votants

1 779 421

2 104 366

2 060 783

-2,1%

Participation

42,15

49,91

49,98

0,07

%Exprimés

95,88

95,36

91,78

-3,58

Exprimés

1 706 183

2 006 670

1 891 393

-5,7%

FDG+DVG+PC+PG

114 135

207 236

108 193

-47,8%

UG+PS+PRG+EELV

303 746

507 358

390 415

-23,0%

UD+UC+LR+UDI+DVD

458 509

592 406

638 195

7,7%

FRONT NATIONAL

618 398

686 005

749 181

9,2%

 

Pour recevoir les monographies, contacter :

Neres Conseil

Catherine Ghekière au 06 33 06 85 90

Mail : neres.conseil@gmail.com

Le Font national peut-il gagner les élections régionales dans la région NPDCP ? par Emmanuel Nkunzumwami.
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