OPINION POLITIQUE D’AFFIRMATION DU QUÉBEC

L’histoire ne se répète pas toujours

En réponse au texte du sénateur indépendant André Pratte publié jeudi dernier.

Dans « L’espoir du grand soir constitutionnel », André Pratte saluait la nouvelle politique d’affirmation nationale du gouvernement québécois, mais affirmait qu’elle allait demeurer lettre morte chez nos partenaires provinciaux et territoriaux du reste du pays puisqu’ils seraient à «  mille lieues de telles préoccupations  ».

M. Pratte croit que les changements ne viendront que d’évolutions graduelles et d’ententes pragmatiques. Pour affirmer cela, il laisse penser que le débat semble identique à celui des années 80 et 90 ; cependant, la société a changé depuis.

Soit, la reconnaissance de la nation québécoise ne semble plus être au cœur des préoccupations du reste du Canada. La couverture médiatique dans les autres provinces de la politique Québécois, notre façon d’être Canadiens en témoigne. Toutefois, nous ne pourrons faire l’économie d’un débat constitutionnel et ce dernier se tiendra autour de la place des 634 nations autochtones dans nos institutions politiques.

Cette question est en effet omniprésente sur les scènes politiques provinciales et la scène fédérale. D’ailleurs, les nations concernées attendent plus que des rapports ou des gestes symboliques ; leur récente volonté de participer d’égal à égal avec les provinces au Conseil de la fédération le démontre bien.

La réconciliation avec les Premières Nations mènera à des discussions constitutionnelles. Si tel est le cas, nous ne pourrons ignorer les autres demandes des provinces et des territoires, incluant celles du Québec.

En effet, rappelons-nous l’appui important dans les provinces des Prairies pour un Sénat égal, élu et efficace ou encore les demandes des territoires de se voir accorder davantage de pouvoirs. D’autres enjeux tels que le partage des compétences en environnement et en immigration ou la représentation internationale des provinces dans leurs champs de compétence ressurgiront nécessairement.

Les ententes pragmatiques et les évolutions graduelles peuvent amoindrir les insatisfactions découlant du manque de reconnaissance des nations présentes au pays, mais elles n’y répondront jamais complètement, puisque refuser d’aborder la Constitution, c’est refuser de discuter du texte qui nous lie tous ensemble. 

En ce sens, le « Rest of Canada », qui est loin d’être un bloc uniforme, pourrait être sensible au dialogue constitutionnel. Nous avons le droit d’être sceptiques face à une telle démarche, car nous avons souvent été nourris d’espoirs déçus. Cependant, entamer un dialogue, c’est apprendre à se connaître mutuellement comme le soulignait avec justesse le sénateur André Pratte.

Cet exercice ne se fait plus entre deux solitudes, mais entre un ensemble de nations que l’histoire a liées. Le dialogue, tout comme la société, a donc changé et est la seule voie possible à un vivre-ensemble renouvelé.

Même si par le passé il n’a pas toujours permis de grandes ententes constitutionnelles, il aura minimalement créé les conditions nécessaires aux évolutions graduelles qu’il constate et préconise.

Nous invitons donc le sénateur André Pratte à porter la parole des Québécois auprès de ses homologues provinciaux et territoriaux ainsi que de nous faire partager leurs paroles.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.