Gouvernement : un remaniement qui prend du temps

Il devait initialement avoir lieu lundi après-midi, puis mardi, ce sera finalement « dans la semaine ». Bien qu'annoncé a minima, le remaniement du gouvernement traîne en longueur.

Benjamin Griveaux et Christophe Castaner — qui cumule un secrétariat d’Etat, le poste de porte-parole du gouvernement et la tête du parti LREM — sont au centre des tractations.
Benjamin Griveaux et Christophe Castaner — qui cumule un secrétariat d’Etat, le poste de porte-parole du gouvernement et la tête du parti LREM — sont au centre des tractations. LP/FRÉDÉRIC DUGIT

    Emmanuel Macron sait qu'il doit procéder à ce remaniement depuis près d'un mois. Depuis qu'il a demandé à Christophe Castaner de prendre la direction de la République en marche. Impossible, pour ce dernier, de cumuler les fonctions de délégué général du parti avec celles de porte-parole du gouvernement et de secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement.

    Mais, fidèle à ses habitudes, le chef de l'Etat prend tout son temps. Et laisse tout le monde dans le flou. A Matignon, on donnait même l'impression, mardi soir, de ne pas savoir quand sortirait la fumée blanche. A l'Elysée, on s'en tenait à cette évidence : « Ce sera annoncé avant mercredi 13 heures. »

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    Quitte à jouer avec les nerfs des protagonistes. « On espère que ce sera annoncé bientôt, que l'on passe à autre chose », trépignait, dès lundi matin, le cabinet d'un membre du gouvernement. « C'est un peu longuet », soufflait un autre. Christophe Castaner s'avançait pourtant, lundi soir sur LCI, en annonçant que tout le monde serait fixé « dans la journée » de mardi. Las. Mardi, en fin de soirée, toujours rien ! Le remaniement sera finalement annoncé... « dans la semaine » et en tout cas pas avant le Conseil des ministres,disait l'entourage du président à l'AFP .

    Volonté pour Emmanuel Macron de montrer à tous qu'il est « le maître des horloges », comme ses équipes le répètent à l'envi ? De « ne pas écraser sa séquence de consultations sur l'Europe », comme l'avance un proche ? Ou bien le président s'est-il simplement retrouvé confronté à un Meccano plus compliqué qu'attendu ?

    Le cas de Castaner fait débat

    Car Christophe Castaner ne simplifie pas la tâche du président, en souhaitant rester à l'Hôtel de Clermont, secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement. Cela ne va pas de soi. Loin de là. Macron a d'ailleurs consulté tous azimuts, mardi encore. « Je lui ai dit que c'était une folie de le laisser là », confie l'un de ceux qui ont échangé avec lui. « C'est impossible. Macron commettrait une faute politique », renchérit un autre. Même dans les rangs d'En Marche !, on l'admet : « Cela fait débat à tous les niveaux. » Car, explique une députée LREM : « Le problème, ce n'est pas tant qu'il reste au gouvernement, mais le poste qu'il occupe. Vous devez garantir à tous les groupes que vous allez les écouter. C'est un peu délicat d'être chef d'un parti politique en même temps... »

    Castaner obtiendra-t-il gain de cause ? Nombreux, au sein de la majorité, le pensaient mardi soir. Le Premier ministre, Edouard Philippe, a quant à lui rappelé qu'« il n'y a évidemment aucune règle juridique qui interdise » le maintien du patron de LREM au gouvernement. Tout en se gardant bien de préciser à quel poste.

    Une certitude, annoncée par l'intéressé : Castaner ne restera pas porte-parole du gouvernement. Il faut donc lui trouver un remplaçant. Mardi soir, Benjamin Griveaux tenait la corde, même si les noms des secrétaires d'Etat Julien Denormandie et Sébastien Lecornu, circulaient ces derniers jours. Autre difficulté, le couple exécutif semble estimer que le porte-parolat est incompatible avec une autre attribution ministérielle. Ce qui impliquerait de procéder à une nouvelle nomination. Et donc à des vérifications de patrimoine. Tout comme, s'il obtient gain de cause, la requête du ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, d'être épaulé par un secrétaire d'Etat missionné sur la Fonction publique. Quand un remaniement « a minima » peine à voir le jour...