Des deux côtés du Rhin, les industriels demandent à la France de se réformer
Selon un sondage OpinionWay, les entreprises des deux côtés du Rhin voient le couple franco-allemand comme déséquilibré.Seules 16 % des entreprises françaises estiment que l'intégration européenne a contribué à améliorer leur compétitivité.
Le couple franco-allemand, censé être le moteur de l'intégration européenne, n'a pas tenu ses promesses depuis dix ans. L'institut OpinionWay a interrogé 200 entreprises industrielles françaises de plus de 10 salariés et autant de l'autre côté du Rhin pour le compte de l'agence d'intérim Randstad sur leur compétitivité. La conclusion est que, si le couple franco-allemand est jugé crucial par les entreprises, il est aussi considéré comme étant « plutôt déséquilibré ».
Pas très surprenant quand on sait que l'excédent commercial allemand devrait de nouveau dépasser 280 milliards d'euros cette année, alors que le déficit français sera, lui, supérieur à 60 milliards. Ainsi, 48 % des industriels français se jugent moins compétitifs que leurs concurrents allemands, 45 % estimant l'être autant. Et seules 28 % des entreprises hexagonales considèrent être plus compétitives que leurs homologues européennes. Quant aux entreprises allemandes, elles sont tout de même plus de la moitié à juger être aussi compétitives que les industriels français.
Intégration européenne
La différence se ressent aussi dans le jugement sur l'intégration européenne. Seules 16 % des entreprises françaises estiment que celle-ci a contribué à améliorer leur compétitivité, alors qu'en Allemagne elles sont 27 % dans ce cas. D'ailleurs, les entreprises françaises se sentent davantage concurrencées par les entreprises allemandes que les Allemands ne le sont par les firmes françaises.
Les industriels français ont l'impression d'être moins bien armés que leurs concurrents outre-Rhin dans plusieurs domaines : la qualité de la main-d'oeuvre, le système de formation, la capacité d'innovation et, de façon plus surprenante, la qualité des infrastructures.
Des réformes économiques attendues
Du côté allemand, on envie le coût de l'énergie, plus faible en France. Mais ce sont surtout les réformes économiques qui sont attendues de chaque côté du Rhin. Pour 90 % des Français et 70 % des Allemands, « le couple franco-allemand serait plus puissant si la France réformait son économie ». En revanche, 54 % seulement des Français et 38 % des Allemands estiment que le couple moteur de l'Europe serait plus fort si l'Allemagne investissait d'avantage.
Sondage réalisé par OpinionWay pour Randstad Inhouse Services par téléphone du 4 au 22 septembre 2017 auprès d'un échantillon de 200 établissements de 10 salariés et plus du secteur de l'industrie en France et de 201 établissements de 10 salariés et plus du secteur de l'industrie en Allemagne, selon la méthode des quotas.
Quatrième édition du forum économique franco-allemand
Les deux rédactions leaders de la presse économique en France et en Allemagne, « Les Echos » et le « Handelsbatt » organisent ce mardi et ce mercredi à Berlin la quatrième édition du Forum économique franco-allemand. Cet événement qui réunit de nombreuses personnalités politiques et économiques venues des deux cotés du Rhin (Matthias Wissmann, Pierre Gattaz, Bruno Le Maire, Tom Enders, Pierre Moscovici, ....) a pour thème cette année : « Enjeux géopolitiques, Brexit, croissance : comment rebâtir l'Europe à partir de 2017 ? »
Guillaume de Calignon