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La dyslexie nichée au fond des yeux ?

Des chercheurs français pensent que la maladie pourrait être liée à une malformation oculaire.

Le Monde avec AFP

Publié le 19 octobre 2017 à 04h23, modifié le 19 octobre 2017 à 08h45

Temps de Lecture 3 min.

Un examen de la vue chez un ophtalmologue à Paris, en 2008.

Une cause de la dyslexie se cache-t-elle au fond des yeux ? C’est ce que pensent deux chercheurs français, qui espèrent même pouvoir combattre les effets de ce trouble de la lecture grâce à une lampe très spéciale. « Nos observations nous permettent de penser que nous avons trouvé une cause potentielle de la dyslexie », affirme Guy Ropars, chercheur à l’université de Rennes, coauteur de l’étude parue mercredi dans la revue britannique Proceedings of the Royal Society B. Selon ces travaux, cette cause est anatomique et se niche dans une minuscule zone des yeux.

Chez les personnes qui ne sont pas atteintes de dyslexie, cette zone n’a pas la même forme d’un œil à l’autre : il y a une asymétrie. Le cerveau choisit donc le signal envoyé par l’un des deux yeux, le dominant, pour créer l’image que voit la personne.

Confusion

Chez les dyslexiques, en revanche, la fameuse zone a la même forme dans les deux yeux et aucun des deux n’est donc dominant, selon l’étude. Cela pourrait être source de confusion pour le cerveau en créant des « images-miroirs » entre lesquelles il est incapable de choisir.

Quand ils lisent, les dyslexiques souffrent d’un effet-miroir, en confondant par exemple les lettres b et d. « L’asymétrie est nécessaire pour éliminer l’image miroir, qui empêche une lecture normale si elle persiste comme chez les dyslexiques », ajoute M. Ropars. « Pour les enfants et pour les adultes, l’asymétrie offre une nouvelle méthode de diagnostic relativement simple ».

La zone qui a intéressé les chercheurs se trouve dans la fovéa, partie de la rétine où l’acuité visuelle est la plus forte. « Notre rétine comporte une mosaïque de photorécepteurs composés de bâtonnets et de cônes. Pour détecter toutes les couleurs, il y a trois sortes de cônes, comme dans un poste de télévision : les bleus, les verts et les rouges », décrypte M. Ropars. « La fovéa est une petite dépression au centre de la rétine où les cônes sont les plus nombreux et les plus fins », poursuit-il.

A cet endroit, on trouve un minuscule trou sans cônes bleus. Selon l’étude, cette zone sans cônes bleus a la même forme ronde dans les deux yeux des personnes dyslexiques. A l’inverse, chez les personnes qui ne sont pas atteintes, cette zone est ronde dans l’œil dominant mais a une forme irrégulière dans l’autre.

M. Ropars et son collègue Albert Le Floch sont parvenus à ces conclusions en comparant deux groupes de 30 étudiants, l’un composé de dyslexiques et l’autre de non-dyslexiques.

« Prudence »

« L’existence des délais entre l’image primaire et l’image miroir dans les hémisphères opposés (de l’ordre de 10 millisecondes) nous a permis de mettre au point une méthode pour effacer l’image-miroir qui gêne tant les dyslexiques », souligne M. Ropars.

Cette méthode repose sur l’utilisation d’une sorte de lampe stroboscopique à LED, que les dyslexiques doivent utiliser lorsqu’ils lisent. Selon M. Ropars, certains des étudiants dyslexiques l’ont surnommée la « lampe magique ». Elle flashe à une fréquence invisible à l’œil nu mais calée sur le délai de quelques millisecondes entre l’image primaire et l’image-miroir. « Il existe d’autres possibilités de traitement pour contrecarrer la trop grande symétrie, utilisant la plasticité du cerveau. Elles pourront probablement être adaptées par des médecins », affirme Guy Ropars.

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L’Association nationale des associations de parents d’enfants dyslexiques (Anapedys) a appelé à interpréter les conclusions de cette étude avec « prudence ». « Nous sommes toujours intéressés par de nouvelles pistes de rééducation, mais d’autres causes anatomiques ont déjà été citées par le passé, au niveau des corps calleux du cerveau ou de l’organisation des neurones », a déclaré sa présidente, Agnès Vetroff. Selon elle, « il faut toujours regarder ce qui se passe (dans la recherche) mais rester prudent ».

La dyslexie toucherait quelque 700 millions de personnes dans le monde.

Le Monde avec AFP

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