Présidentielle : Marseille propulse Mélenchon
Le leader de La France insoumise (24,8 %) distance Le Pen (23,6 %). Macron patine à 20,4 %, Fillon tombe à 19,8 %
Il y a déjà douze jours, au lendemain du meeting de Fillon au parc Chanot, Jean-Claude Gaudin ne cachait pas que les carottes étaient cuites et qu'il devrait appeler à voter Macron au soir du premier tour. En vieux briscard de la politique, le maire de Marseille savait que son candidat s'était carbonisé dans l'opinion publique comme au sein des Républicains provençaux dont les poids lourds - d'Estrosi à Gilles et Muselier - avaient quitté le rafiot LR prenant l'eau. Gaudin flairait que l'époque avait changé et que les électeurs en avaient soupé de la vieille tambouille politicienne.
Le vote des Marseillais hier a été fidèle à ses prédictions. Comme les Français, ils ont jeté par-dessus bord la droite et la gauche traditionnelles, sans encenser Macron pour autant. Le Front national a fait la course en tête une bonne partie de la soirée. Marine Le Pen totalise 23,62 % des suffrages, soit 2,4 points de plus qu'en 2012. Elle vire en tête dans les 10e, 11e et 13e arrondissements (il manquait le résultat définitif du 13e à 2 h 30 cette nuit). Elle surfe sur une situation qui ne s'est pas vraiment améliorée en cinq ans. Le chômage à Marseille reste plus élevé qu'ailleurs dans le pays, les armes font des ravages parmi les délinquants, le sentiment global d'insécurité n'a pas faibli même si les faits de violence sont en recul. Un projet d'attentat déjoué mardi dernier à Marseille a encore apporté de l'eau au moulin du FN. Ce n'est pourtant pas le raz-de-marée que d'aucuns annonçaient, se souvenant des 35 % de voix raflées par la nièce Marion Maréchal-Le Pen aux Régionales de 2015.
C'est sans doute l'offensive de Mélenchon qui a bloqué cette avancée en ramenant dans le giron de la gauche contestataire des électeurs choisissant la protestation et qui, à ce titre, pouvaient être tentés par l'extrême droite. En captant presque 24,84 % des voix, le leader de La France insoumise fait 11 points de mieux qu'en 2012 et freine l'envolée du FN. Il bénéficie à plein du "vote utile" puisque Hamon dégringole à 5,31 %. La bérézina pour le Parti socialiste. Ce bon score de Mélenchon démontre, s'il était besoin, que l'électorat de gauche est bien là, qu'il n'a pas disparu. "Marseille n'est de droite que grâce à Gaudin", soupirait hier soir un proche du maire. En effet ! Dans les arrondissements populaires que le FN lorgne avec gourmandise - 1er, 2e, 3e, 15e, 16e -, Mélenchon pulvérise ses poursuivants avec 41,33 %, 35,48 %, 39,04 %, 36,9 % et 36,98 %. Même dans le 14e, que gère le maire frontiste Ravier, Mélenchon (35,8 %) colle 8 points dans la vue à Le Pen (27,1 %). Cela va peser lourd pour les législatives de juin. Les députés PS Jibrayel et Mennucci n'ont pas trop de soucis à se faire si Mélenchon ne leur envoie personne. Dans les 4e et 5e arrondissements, coeur de la circonscription de la députée sortante PS Marie-Arlette Carlotti, La France insoumise grimpe à 25,9 % et 29,64 % quand la droite - dont c'est un fief municipal tenu par le sénateur LR Bruno Gilles - s'effondre à 16,93 % et 15,78 %. Tout un symbole. Même Macron fait mieux, à 20 %. Ce sera très dur pour le candidat LR aux législatives, Yves Moraine, qui jouera ici son avenir pour succéder éventuellement à Gaudin en 2020 à la mairie. Même dans le 6e (Préfecture, Vauban, Castellane), réputé à droite, Mélenchon à 24,77 % talonne Fillon à 25,15 % (Macron à 24,90 %).
Paradoxalement, cette percée de Mélenchon sert indirectement Macron qui plafonne sur l'ensemble de la ville autour de 20,5 % mais, du coup, finit quand même 3e devant Fillon 4e à 19,81 % (soit 8 points de moins que Sarkozy en 2012), et ne décroche pas de Le Pen. Marseille n'a donc pas basculé hier dans les bras de celui qui entrera vraisemblablement à l'Élysée le 7 mai. Macron fait quelques résultats honorables à 23-24 %, sans plus. Toutefois, le score très contenu du FN devrait lui garantir une large avance au second tour. À condition que les électeurs de Mélenchon et Fillon n'aillent pas à la pêche...
La droite n'a plus qu'à espérer que le "patriotisme de parti" jouera pour les législatives. Pas d'inquiétude pour Dominique Tian dans les 7e et 8e arrondissements où Fillon était hier largement en tête hier (27,5 % et 34,59 %). Guy Teissier, fillonniste pur et dur, devrait l'emporter dans les 9e (Fillon en tête à 26 %) et 10e mais gare à la pression du FN. Valérie Boyer, autre fillonniste, semble bien plus menacée dans les 11e et 12e. Le paysage politique marseillais va se trouver transformé à coup sûr, et peut-être même carrément nettoyé à la suite de la présidentielle et des législatives.
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