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Santé

Pourquoi les Français plébiscitent les cures thermales

La fréquentation des stations thermales a bondi de 18% en sept ans. Crédibilité médicale renforcée, marketing efficace, investissements lourds, vieillissement de la population française : les raisons d’un regain.

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Les Français aiment de plus en plus les cures thermales

Les Français aiment de plus en plus les cures thermales

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Un public nombreux –en majorité grisonnant- se presse ce jeudi dans le hall d’exposition du Carrousel du Louvre, au salon Thermalies, consacré à l’eau et au bien-être. Aux côtés des fabricants de machines de sport, des centres de thalassothérapie, de marques de cosmétiques et des spas de luxe, les stations thermales occupent une bonne partie des stands. Contrexéville, Bagnols de l’Orne, Eugénie les Bains, Vittel…  Des noms qui fleurent bon le Second Empire et le temps où la bonne société allait « prendre les eaux ». Centenaires pour la plupart, les stations thermales jouent la carte du sérieux thérapeutique et se portent aujourd’hui comme des charmes.

3,9% de curistes supplémentaires en 2016

Le meilleur baromètre est la fréquentation : les stations ont accueilli 580 000 curistes en 2016, un chiffre en hausse de 3,9% par rapport à 2015. Claude-Eugène Bouvier, le secrétaire général du  Cneth (la fédération des stations thermales) ne boude pas son plaisir : « Depuis 2009, les stations thermales ont enregistré sept années consécutives de croissance de leur fréquentation, au rythme de 2,5% par an en moyenne. Soit une croissance de 18,5% au total».

Même L'Oréal se jette à l'eau

Autre signal positif, plusieurs acquisitions ont été signées en 2016. En juillet, le groupe L’Oréal a ainsi annoncé le rachat des thermes de Saint-Gervais. Déjà propriétaire de Brides les Bains, le groupe Lebon s'est offert la station d’Allevard. Enfin de gros programmes d’investissements sont lancés : BO Resort, premier acteur du secteur, va débourser 33 millions d’euros aux côtés de la Caisse des Dépôts pour faire renaître Châtel Guyon.

Au mitan des années 2000, la situation du thermalisme était pourtant loin d’être brillante. Peu considéré par le corps médical, il risquait d’être lâché par la Sécurité sociale, qui menaçait de dérembourser les cures. Une décision qui aurait signé l’arrêt de mort des dizaines de villages vivant au rythme des cures. Défraîchies, les stations voyaient leur fréquentation baisser année après année.

La menace de déremboursement écartée

Dix ans plus tard, le thermalisme récolte les fruits d’une mobilisation efficace. D’abord, elles ont réussi à contrer la menace de déremboursement des cures, en gagnant leurs galons médicaux. Car l'Assurance maladie prend en charge la cure de trois semaines, facturée quelque 600 euros. « Depuis 2004, la profession a fait un effort très important pour évaluer le service médical rendu » par les cures, explique Claude-Eugène Bouvier. Alors que les bienfaits du thermalisme n’avaient jamais été sérieusement démontrés, ces soins ont fait l’objet d’essais cliniques, menées par l’Association française pour la recherche thermale, qui y a consacré 12 millions depuis 2004.

«La méthodologie a été complètement réévaluée. Il s’agit d’essais contrôlés, avec des groupes témoins. Le comité d’expert est composé de scientifiques indépendants de la profession thermale », assure Claude-Eugène Bouvier. Une démarche qui a permis au thermalisme de gagner en crédibilité : plusieurs revues scientifiques à comité de lecture ont publié des études – comme en 2013, une étude sur la prise en charge des suites du cancer du sein dans le cadre d’un traitement thermal, parue dans le très sérieux European Journal of Cancer. Et pour bichonner le corps médical, le thermalisme participe chaque année aux Entretiens de Bichat. Rassurée par ces gages, l’Assurance maladie a renouvelé en 2013 pour cinq ans la convention signée avec les établissements thermaux. Et la profession semble aborder avec confiance le prochain round de discussions, qui devra déboucher sur un nouvel accord début 2018.

825 millions d'investissements d'ici 2021

Conscientes de la nécessité de s’adapter pour survivre, les stations ont aussi lourdement investi : 405 millions entre 2010 et 2015. L’effort financier va encore s’intensifier : les projets d’investissements se montent à 825 millions pour les années 2016-2021. Les régions – dont les élus sont des défenseurs évidents du thermalisme, qui représente 100.000 emplois dans des territoires souvent isolés – participent. Ainsi, la nouvelle entité Auvergne Rhône Alpes vient de débloquer une enveloppe de 20 millions d’euros, dont 17 millions pour la rénovation de stations.

Un marketing efficace

Modernisées, souvent labellisées, les stations récoltent enfin les fruits d’un marketing efficace. D’abord, elles font parler d’elles à grand renfort de publicité. A l’instar de la Chaîne du Soleil, gros annonceur média. Ensuite, elles vont plus loin dans l’accompagnement des curistes, en se spécialisant dans des lignes thérapeutiques précises et en étoffant les services proposés aux curistes. « Nous avons mis en place un programme d’éducation thérapeutique des patients, comprenant cours de cuisine, activités physiques, conférences... », raconte Didier Le Lostec, le directeur des thermes de Brides les Bains. Un programme élaboré avec l'appui d'un conseil scientifique indépendant, le service nutrition de l'Institut Pasteur de Lille. Et des thermes d'Allevard, acquis cette année, le groupe Lebon veut faire la "station de la voix". En plus des vertus de l'eau soufrée, la nouvelle cure dédiée aux cordes vocales fragilisées fait intervenir des techniques de chant et de respiration. "Les gens sont de plus en plus sensibles à cette médecine naturelle et holistique, qui évite les excès de la surmédication", observe Claude Eugène Bouvier.

Les bénéfices du vieillissement

Dernier facteur favorisant ce regain d'activité, le vieillissement démographique joue en faveur des stations. Alors que leur clientèle a en moyenne 63 ans, l’arrivée des babyboomers est une aubaine. Nombreux, encore jeunes, ils jouissent d’un pouvoir d’achat supérieur à celui des jeunes actifs. Décidément, les thermes coulent des jours heureux.

 

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