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Réformer l’islam

A travers ce dernier livre, Tareq Oubrou, le recteur de la grande mosquée de Bordeaux, entend répondre aux « préjugés des musulmans et des non musulmans ».

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Publié le 02 mars 2016 à 13h17, modifié le 03 mars 2016 à 11h14

Temps de Lecture 2 min.

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Depuis plusieurs années, Tareq Oubrou s’efforce de conceptualiser un islam qui tienne compte du contexte culturel dans lequel il s’exprime. A travers la notion de « charia de minorité», le recteur de la grande mosquée de Bordeaux propose aux Français musulmans d’adopter une pratique qui ne heurte pas une société française dominée par la sécularisation et sur laquelle l’Etat laïc semble parfois vouloir déteindre. C’est ainsi qu’il proclame accessoire le port du voile et conseille aux femmes à qui il cause des difficultés, notamment professionnelles, de tout bonnement s’en passer.

Ce parti pris pour un islam « discret » ne lui a pas valu que des amis. Certains musulmans reprochent à cette personnalité de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) de s’adresser d’abord aux non-musulmans pour leur donner en quelque sorte les gages d’un islam docile, au prix de compromis qu’ils jugent être des compromissions. L’organisation Etat islamique l’a placé parmi ses cibles.

Mais dans ce nouveau livre, qui se propose de répondre « aux préjugés des musulmans et des non-musulmans », c’est cette fois davantage à ses coreligionnaires que s’adresse l’imam de Bordeaux. Et d’abord à ceux qui, nouveaux venus dans la communauté des fidèles ou engagés dans une démarche « plus rebelle que spirituelle », pourraient être tentés de « transformer l’islam en bouclier identitariste » et de se laisser séduire par le salafisme.

La quête spirituelle

Comme, il y a quelques mois, Mohamed Bajrafil, l’imam d’Ivry (Seine-Saint-Denis), dans Islam de France, l’an I, c’est bien à une charge contre une certaine lecture littérale du Coran enrôlée au service d’un projet politique totalitaire que procède Tareq Oubrou, contre l’idée « simpliste que l’on pourrait sonder l’intention de Dieu en se limitant dévotement, voire bêtement, à prendre un texte au pied de la lettre ». Il y a de multiples manières de lire le Coran, explique l’imam, et la meilleure n’est certainement pas le premier degré. Mais dans ce travail d’« ijtihâd », d’effort pour interpréter la lettre, la pensée musulmane a souffert depuis des siècles d’une « sclérose » qu’elle a bien du mal à surmonter : « On peut dire que c’est aujourd’hui que les musulmans vivent leur Moyen Age. Leur modernité, ils l’ont laissée derrière eux. »

A quelques sujets-clés, comme le statut du Coran, la liberté de conscience, le statut de la femme, la charia, le djihadisme, le recteur de la grande mosquée de Bordeaux apporte ses réponses pour que l’islam renoue avec cette modernité perdue en chemin. Il faut le désarabiser, le dépolitiser, ancrer l’islam européen dans « la civilisation occidentale ». Et aussi mettre l’accent sur la quête spirituelle : Tareq Oubrou conclut par un chapitre consacré au soufisme comme chemin conduisant à une perception personnelle de Dieu. Là aussi, il prend le risque de la controverse. Tant il est vrai que celle-ci lui paraît une des conditions de la modernité.

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