Libye. Dans Cyrène en ruines

Les pressions sur Kadhafi se sont accentuées, hier, avec les sanctions de l'Onu et la création d'un «Conseil » chargé de représenter les zones du pays contrôlées par les contestataires. Reportage dans Cyrène en ruines. [Video]

La gigantesque base militaire de Cyrène a désormais triste mine. Photo Julien Muguet
La gigantesque base militaire de Cyrène a désormais triste mine. Photo Julien Muguet
Le soleil se lève doucement sur Cyrène. Nous sommes au coeur des Montagnes vertes, à 500 kilomètres de la frontière égyptienne, où se dresse le site archéologique d'une ancienne colonie grecque.«Il n'y a pas que du pétrole en Libye, nous avons aussi un patrimoine historique qui appartient à l'humanité», s'enthousiasme le docteur Fadal Ali Mohammed, professeur en archéologie. Son rêve:que ses confrères obtiennent enfin l'autorisation de travailler sur le site et que des milliers de touristes se pressent pour découvrir les richesses de son pays. Cet enseignant de 63 ans fait partie des dizaines de milliers d'insurgés de l'Est qui se battent pour faire tomber le régime autoritaire de Mouammar Kadhafi. Il y a une semaine, lui et son fils ont pris les armes pendant quatre jours pour combattre les«mercenaires envoyés par le régime». Avant de raconter:«Dans les années 1980, quand je suis revenu de Grèce où je faisais mes études, j'ai insisté pour que le régime parle de notre patrimoine. Mais ils m'ont menacé de détruire mon site au bulldozer, alors j'ai arrêté». Mais pour le professeur«l'époque Kadhafi est révolue»et c'est une nouvelle ère qui commence.«Nous allons bâtir une nouvelle nation, avec une monarchie parlementaire», assure-t-il. Mais il est déjà temps de reprendre la route, car il promet de nous montrer une autre sorte de ruines. Kalachnikovs, mitraillettes lance-roquettes... Nous quittons le silence de la vieille cité de Cyrène pour rejoindre les buildings, les panneaux publicitaires et la circulation de la ville nouvelle. Direction:la gigantesque base militaire. Ou plutôt, l'ex-base militaire... Il y a plus d'une semaine, une bataille sanglante a eu lieu ici. Comme en témoignent les énormes trous dans les murs. Le 21 février, 300révolutionnaires libyens sont entrés par la force pour«libérer la base».«Nous avons suivi les mercenaires qui nous attaquaient depuis deux jours, témoigne Ali, un jeune insurgé. Ils entraient tous là. Nous en avons déduit qu'il s'agissait de leur quartier général. C'est pour ça que nous avons pris la décision d'attaquer». Couverture et mitraillette sur l'épaule, comme une dizaine d'autres hommes, ce libyen d'une trentaine d'années surveille la«prise»des insurgés. D'un grand geste, il désigne un hangar gigantesque. À l'intérieur, des dizaines de véhicules calcinés.«Pendant notre assaut, une quarantaine de mercenaires s'étaient réfugiés dans ces bus, prêts à s'enfuir, explique ravi, Mohammad. Nous les avons entourés et nous avons mis le feu aux véhicules». Selon lui, huit mercenaires ont été brûlés vifs et les autres ont pu s'échapper avant d'être interpellés.«Nous nous battions à armes égales, nous avions des kalachnikovs, des lance-roquettes, des RPG et des mitraillettes que les militaires nous ont donné», raconte Ali. «À ce moment là, je n'avais pas peur. Quand je tirais avec ma mitraillette, je ne pensais plus à rien», poursuit-il. De toute façon, pour le jeune homme, aujourd'hui«la vie compte moins que la liberté». Et de conclure:«Nous avons détruit pendant les combats, maintenant il nous reste à bâtir un nouveau pays».

Pour aller plus loin

Monde
Revenir en arrière

Libye. Dans Cyrène en ruines

sur Facebook sur Twitter sur LinkedIn
S'abonner
Application Le Télégramme Info Bretagne

Application Le Télégramme

Vous aimez la Bretagne ? Vous allez adorer l'application du Télégramme. Profitez d'une expérience de lecture personnalisée et d'un accès rapide à l'actualité de votre commune.

Application Le Télégramme Journal
Application Le Télégramme Journal