Nathalie Kosciusko-Morizet : «Paris est une ville stressée par la politique d’Anne Hidalgo»

Le parachutage de Nathalie Kosciusko-Morizet dans la 2e circonscription, celle de François Fillon, fait des remous. Elle s'explique en exclusivité dans Le Parisien et tacle Anne Hidalgo. 

    Conseillère LR de Paris et députée de l'Essonne, Nathalie Kosciusko-Morizet a été investie mardi sur la circonscription de François Fillon pour les législatives. Elle revient pour Le Parisien sur ses motivations, son combat pour Paris et  la politique de la maire, Anne Hidalgo.
Conseillère LR de Paris et députée de l'Essonne, Nathalie Kosciusko-Morizet a été investie mardi sur la circonscription de François Fillon pour les législatives. Elle revient pour Le Parisien sur ses motivations, son combat pour Paris et la politique de la maire, Anne Hidalgo. (LP / Olivier Corsan)

    Votre investiture sur la 2e circonscription suscite beaucoup de critiques. On vous accuse de parachutage, de manque de courage...
    Je me suis engagée en 2013 dans un combat pour Paris, qui est un combat de long terme, que je savais difficile. Pour le poursuivre, il faut pouvoir le faire à partir de mandats parisiens structurants. J'avais toujours dit que je quitterai définitivement mes mandats dans l'Essonne et que je rechercherai des mandats parisiens. Je suis présidente du groupe Les Républicains au conseil de Paris, je travaille sur tous les aspects de Paris donc je peux logiquement le faire partout dans Paris.

    Mais il y a encore quelques mois, vous deviez mener la bataille dans la 11e circonscription dans votre arrondissement, le XIVe ? Vos faibles scores sur Paris à la primaire LR vous ont finalement convaincue de candidater sur la 2e circonscription, bien moins risquée ?
    À Paris, j'ai fait presque deux fois mon score national à la primaire. Ensuite, au printemps 2016, la question ne se posait pas puisque François Fillon était candidat sur la 2e circonscription. François Fillon, en me choisissant pour prendre sa suite, envoie un message clair de rassemblement. Je n'étais pas avec lui dans la primaire et j'ai soutenu un autre candidat (Alain Juppé NDLR) dans l'entre-deux tours, mais il veut nous placer tous ensemble dans une optique d'unité, indispensable pour la victoire et pour transformer la France. Et il me donne les moyens de poursuivre le combat parisien avec une légitimité forte qui aurait été différente sur une autre circonscription.

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    Ce parachutage dans la 2e circonscription, n'est-ce pas une façon pour vous d'admettre que le combat pour la mairie n'est pas gagnable ?
    C'est tout le contraire ! C'est une façon de me conforter pour mener avec d'autant plus de forces le combat à Paris. Et d'ailleurs ceux qui pourraient être éventuellement des concurrents l'ont bien compris. D'où toutes ces réactions dans vos colonnes.

    Prendrez-vous Rachida Dati comme suppléante pour la deuxième circonscription ?
    Je ne crois pas qu'elle ait candidaté à ça ni au poste de député et je le comprends très bien puisque Rachida est déjà députée européenne et maire d'arrondissement. Elle va donc déjà devoir choisir entre deux mandats.

    « Anne Hidalgo pratique un pouvoir très solitaire, très autoritaire»

    Que lui conseillez-vous ?
    Je suis totalement engagée dans l'élection présidentielle, aux côtés de François Fillon. La situation dans laquelle nous sommes, l'état des finances de la nation et l'état du monde, appellent à des réformes et au rassemblement, plutôt qu'à la destruction dans son propre camp.

    A propos de combat à mener pour Paris, les derniers chiffres de la ville sur les embouteillages liés à la fermeture des voies sur berges rive droite semblent montrer que la situation s'améliore. Regrettez-vous la bataille que vous avez menée sur ce dossier ?
    Certainement pas ! Sortons de la bataille de chiffres entre la Ville de Paris et la Région pour juste écouter ce que disent les Parisiens. Est-ce qu'ils ont le sentiment que Paris aujourd'hui est une ville apaisée, fluide, une ville où on vit bien, que ce soit en termes de pollution ou de nuisance sonore ? Non. Aujourd'hui Paris est une ville stressée par la politique d'Anne Hidalgo.

    Mais selon Airparif, la fermeture des voies sur berges et les embouteillages induits n'ont pas engendré de hausse de pollution sur les quais hauts comme vous le prédisiez…
    Mais la ville a refusé d'installer des capteurs sur place avant la fermeture des quais. Si on ne fait pas de mesures avant la fermeture, que valent les mesures faites… après ? Un seul capteur a été maintenu, c'est pas une façon de faire une campagne de mesure ! Faire une campagne de mesure, cela aurait supposé d'installer des capteurs sur les quais, sur les itinéraires de reports comme le boulevard Saint-Germain.

    Si la situation était aussi dégradée que vous le dites, le Préfet de Police pourrait très bien mettre un terme à l'expérimentation et tout arrêter. Pourquoi ne le fait-il pas ?
    C'est le problème qu'on a en ce moment sur les dossiers parisiens. Anne Hidalgo pratique un pouvoir très solitaire, très autoritaire avec en face d'elle un gouvernement socialiste faible qui cède sur tout. Pour la pire des mauvaises raisons : comme la gauche a tout perdu, collectivités, régions… la mairie de Paris aujourd'hui sert de base arrière au Parti Socialiste. C'est devenu le pôle emploi du PS. Donc même si à gauche les gens sont choqués à la fois de l'attitude d'Anne Hidalgo qui joue la défaite nationale de son camp pour ses ambitions futures, et des mesures inefficaces qu'elle met en place, personne ne le dit.

    Anne Hidalgo entend mener le combat contre la pollution. Vous ne croyez pas à ses convictions écologiques ?
    J'ai vu la manière dont Anne Hidalgo attaquait le Grenelle de l'environnement et tout ce qui en était issu. Par exemple, avec le Grenelle nous avions lancé les Zapa : la possibilité d'interdire les villes de façon progressive aux véhicules les plus polluants. Mais dans la durée, sur dix ans. Pour se donner le temps d'organiser des alternatives. Elle a attaqué la mesure, a refusé de le faire, pour finalement mettre en oeuvre quelque chose de similaire mais… sur 18 mois ce qui est évidemment beaucoup plus pénalisant pour tous ceux qui doivent changer de véhicule pour en prendre un moins polluant ! Et pour l'écotaxe sur les poids lourds, pareil. Nous l'avions mise en place, notamment sur le périphérique. Elle a attaqué l'écotaxe de la manière la plus virulente sous prétexte que c'était moi qui l'avait faite pour dire quelques mois après qu'il faudrait taxer les poids lourds sur le périphérique. C'est quelqu'un qui n'a absolument aucune conviction écologique cohérente.