Le nouveau visage glamour de La Grande-Motte

Connue pour son tourisme de masse, la cité balnéaire héraultaise commence à séduire des catégories plus aisées. Et s'expose même à Milan. Explications.

Par (à Milan)

La Grande-Motte est, pendant trois mois, l'objet d'une exposition au musée de la Mode de Milan.
La Grande-Motte est, pendant trois mois, l'objet d'une exposition au musée de la Mode de Milan. © DR

Temps de lecture : 4 min

Il fait encore chaud, en cette fin d'après-midi, sur la Via Montenapoleone de Milan. Dans cette artère du centre-ville de Milan, l'une des plus riches au monde, se côtoient les enseignes Prada, Gucci et Ralph Lauren. Dans une rue annexe, le musée de la Mode et sa petite cour intérieure ont fière allure. L'exposition du moment y fait la part belle à des bâtiments clairs, aux courbes fines et profondes. Bienvenue dans l'univers de la photographe Patrizia Mussa, une Italienne qui, depuis quatre ans, a posé son regard et son objectif sur une ville du littoral français : La Grande-Motte.

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La cité balnéaire du Sud-Est, sortie de terre il y a trente-neuf ans pour répondre au tourisme de masse, se laisse découvrir par un autre visage. Celui d'un site architectural atypique voulu par le général de Gaulle et pensé par l'architecte Jean Balladur, cousin d'Édouard, largement inspiré par son confrère Carlos Niemeyer, connu comme le penseur de Brasília (Brésil).

"Je n'imaginais pas une ville aussi élégante"

Au sein de l'exposition, à Milan.  © DR
Au sein de l'exposition, à Milan. © DR
"Il y a un vrai jeu de lumière, de profondeur, avec de nombreux éléments préfabriqués qui donnent une identité à chaque ensemble", témoigne Gilles Ragot, historien spécialisé dans l'architecture, qui travaille depuis quelques années avec la cité balnéaire. Cône, sablier, triangle sont autant de formes qui "font vivre" les bâtiments, en leur conférant un aspect "sculptural" et tout en cherchant "de la profondeur".

De quoi émerveiller la trentaine de journalistes italiens présents. "Je n'imaginais pas cette ville, si triste il y a 20 ans, aussi colorée, aussi élégante", explique Donatella Lucarini, rédactrice en chef du magazine italien Charme, qui s'est dit "sans voix" après sa visite de l'exposition. Tous se laissent séduire par ces formes joyeuses et ces couleurs apaisantes, désireux de relater à leur lecteur cette exposition qui a poussé le respecté quotidien Corriere della Serra à y consacrer une page, deux jours avant le vernissage.

Une stratégie bien rodée

Le port de La Grande-Motte. © DR
Le port de La Grande-Motte. © DR
Cette exposition ? "Une étape déterminante dans la stratégie de La Grande-Motte", explique sobrement Stéphan Rossignol, jeune maire UMP qui termine son premier mandat à la tête de la ville. Il reçoit Le Point.fr dans un hôtel chic du centre-ville, à quelques centaines de mètres de l'exposition. "Nous voulons depuis plusieurs années changer l'image de La Grande-Motte." En 2009, il lance un schéma de développement touristique. Objectif : la rénovation de la ville et, surtout, la volonté de quitter cette image de ville populaire du bord de mer. "Dans un sondage en 2009, nous avons constaté que quatre Français sur dix avaient une mauvaise image de La Grande-Motte", raconte le maire.

Alors, tout est mis en oeuvre pour améliorer cette image. Les projets de rénovation se succèdent, la ville gagne le label patrimoine du XXe siècle décerné par le ministère de la Culture (en 2010) et multiplie les événements grand public, à l'image du récent succès de son salon nautique, qui a attiré le mois dernier des armateurs du monde entier. Désormais, des magazines d'architecture vantent les particularités architecturales de La Grande-Motte, comme le magazine AD qui y a consacré huit pages lors de l'été 2011.

Clientèle aisée, cabinets d'architecte prestigieux

Depuis une dizaine d'années donc, la cité balnéaire s'est transformée. Un golf de 45 trous, cinq hôtels quatre-étoiles - soit plus que la grande soeur Montpellier -, un institut de thalasso : La Grande-Motte s'est modernisée pour faire les yeux doux à une clientèle aisée, désireuse de découvrir le littoral languedocien, qui jouxte la Côte d'Azur.

Progressivement, celle-ci commence à affluer : certains hôtels se dotent de personnels parlant russe pour accueillir ces nouveaux venus. Des cabinets d'architecture prestigieux se battent désormais pour remporter les derniers appels d'offres. Récemment, pas moins de dix-neuf entreprises se sont disputé la rénovation du front de mer.

Le golf de 45 trous de la cité balénaire. © DR
Le golf de 45 trous de la cité balénaire. © DR

Milan, une étape avant Bruxelles, Berlin et Barcelone

Retour à Milan. Le ciel s'est assombri et, dans la cour de l'hôtel particulier du musée de la Mode, quelques gouttes de pluie perturbent la conférence de presse donnée avant l'inauguration de l'exposition. Pas de quoi troubler le déroulement du vernissage : "Inauguration pluvieuse, inauguration heureuse", sourit le maire de La Grande-Motte. "Parler de La Grande-Motte à Milan, c'était inimaginable il y a quelques années", se réjouit l'adjoint au tourisme, Jean-Claude Mandel. Bientôt, l'exposition sera présentée à Bruxelles, Berlin ou encore Barcelone. De nouveaux horizons pour un changement de perception : désormais, la ville propose même des foulards type Hermès. De quoi oublier la cité phare du tourisme de masse, tant décriée à sa sortie de terre.

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Commentaires (2)

  • belvoir

    Si 4 Français sur 10 ont une image négative de La Grande Motte, c'est justement dû à un problème d'illustration des articles de presse ou des reportages qui lui sont consacrés. A savoir, immanquablement, des pyramides qui paraissent construites les une sur les autres, déformation et massification produites par les objectifs des appareils photo ou cameras. La réalité est bien différente. La ville est très aérée, bien organisée, avec de nombreuses possibilités de promenades à pied ou à vélo, sans souci des voitures. En pente douce et nombreuses, les plages sont particulièrement appréciées des enfants. C'est par un heureux concours de circonstances que j'ai découvert La Grande Motte, il y a bientôt dix ans. Et, depuis, j'y repasse chaque année à ma plus grande satisfaction.

  • la mourine

    Année2000, Il était de bon ton de dénigrer la Grande-Motte, lancé par les tenants à tout crin du coté Est de la méditerranée, une cité moderne œuvre de Jean Baladur, le frère, où l'on accède, circule et stationne sans difficultés, nombreuses pistes cyclables nettement séparées du réseau routier très souvent sous le couvert végétal, à proximité des Cévennes et de l'étang de Thau de nombreux commerces, un vrai port avec tous les services qui s'y rattachent, des plages immenses, le seul bémol, la tristesse de la zone navigable sans criques, rochers, et labourées à longueur d'années par les chalutiers si bien que le poisson est devenu une espèces inconnu, Sans compter également Montpellier à quelques kilomètres pour les services hospitaliers, un aéroport, enfin quoi demander de plus, loin des tarifs Riviera !
    Un constat il ne serait plus possible d'édifier ces stations littoral comme en 1970, nos écologistes se dressant contre cette atteinte au lieux de prédilection de la faune sauvage, en l’occurrence de la famille des Culicidae, ces charmantes bestioles qui nous sucent le sang.