Quelques dizaines d'étudiants se sont présentés au bureau de comté de la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, à Montréal, vendredi matin, dans l'intention de l'occuper pour dénoncer une éventuelle hausse des frais de scolarité.

La ministre, qui était sur place, les a cependant surpris en acceptant de les recevoir sur-le-champ.

Les étudiants, membres de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), n'ont toutefois pas eu un écho favorable à leurs revendications, a déclaré leur porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois à La Presse Canadienne.

«La ministre Beauchamp a montré très, très peu d'ouverture face à nos revendications», a-t-il dit.

Québec a déjà annoncé son intention d'appliquer une nouvelle hausse des frais de scolarité, principal objet du mécontentement des étudiants.

«Quand on sait que le présent dégel des frais de scolarité a déjà rejeté, selon les chiffres du ministère, entre 6000 et 13 000 étudiants hors des bancs de l'université, on se rend compte que les effets sur l'accessibilité d'une hausse additionnelle vont être catastrophiques, c'est sûr», a dit M. Nadeau-Dubois.

Une série de quatre rencontres des partenaires de l'éducation doit également avoir lieu, à compter du 25 octobre, afin d'aborder notamment les questions de la performance et du financement des universités québécoises.

M. Nadeau-Dubois a toutefois indiqué que l'ASSÉ boycottera le processus consultatif.

«Nous sommes convaincus que les conclusions de cette rencontre sont déjà écrites, a-t-il dit. Raymond Bachand, le ministre des Finances, a annoncé une hausse des frais de scolarité en 2012. Dans ce contexte, cette consultation est une triste farce qui vise simplement à légitimer une décision déjà prise et inscrite depuis longtemps dans l'agenda politique libéral.»

Il avertit que d'autres actions sont à prévoir et qu'elles iront en s'intensifiant tant que la ministre Beauchamp ne reculera pas. L'ASSÉ menace d'ailleurs de perturber la consultation du mois prochain.

«Quand on voit l'attitude qu'a eue la ministre aujourd'hui, on comprend que nous avions raison et qu'il n'y a en effet aucune ouverture à un vrai dialogue constructif, a lancé avec dépit Gabriel Nadeau-Dubois. Tout ce que l'on cherche, c'est de faire passer dans la gorge des étudiants une hausse des frais de scolarité et ça, c'est inacceptable.»

L'Association pour une solidarité syndicale étudiante affirme regrouper plus de 40 000 membres dans les cégeps et les universités du Québec.

Au même moment, la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) dévoilaient vendredi leur campagne visant à convaincre le gouvernement de renoncer à une nouvelle hausse des frais de scolarité en 2012.

La FECQ et la FEUQ lanceront notamment une pétition en ligne, sur le site Internet de l'Assemblée nationale, jusqu'au 7 décembre. Elles présenteront également, le 18 octobre, les résultats d'une enquête réalisée auprès des étudiants du premier cycle universitaire.

Les deux grandes organisations étudiantes, qui représentent la majorité des étudiants de niveau post-secondaire, n'ont toutefois aucune intention de boycotter la rencontre des partenaires, même si elles estiment elles aussi que les conclusions semblent tracées d'avance.

«Nous, à la FEUQ, n'avons jamais pratiqué la politique de la chaise vide», a expliqué son président, Louis-Philippe Savoie, tout en exprimant du même souffle son scepticisme face à ces rencontres. «C'est clair que la consultation a ses défauts. Par contre, nous croyons qu'il est important de porter le message des étudiants sur toutes les tribunes, par tous les moyens possibles.»

Car la FEUQ et la FECQ s'opposent tout autant aux hausses de frais de scolarité, d'autant plus que les deux fédérations ne voient pas de partage dans l'effort de financement des universités, a dénoncé M. Savoie.

«Lorsqu'on analyse attentivement les documents du dernier budget, que l'on prend connaissance des positions prises par le Parti libéral du Québec à son dernier conseil général, on se rend compte que l'on veut faire porter la facture de l'augmentation du financement des universités uniquement sur le dos des étudiants et celui de leurs familles», a-t-il dit.