ENSEIGNEMENTMathématiques: C'est quoi la méthode de Singapour, préconisée par Villani?

Mathématiques: C'est quoi la méthode de Singapour préconisée par le rapport Villani?

ENSEIGNEMENTPour améliorer le niveau en mathématiques des élèves français, qualifié de «catastrophique», un rapport propose notamment d'expérimenter des méthodes qui ont fait leur preuve à l'étranger, comme celle de Singapour...
Cédric Villani, le 11 septembre 2016.
Cédric Villani, le 11 septembre 2016. - NICOLAS MESSYASZ/SIPA
Thibaut Le Gal

T.L.G.

Pour faire aimer les maths aux enfants, comment trouver la bonne formule ? Un rapport, présenté ce lundi par le député-mathématicien Cédric Villani et l’inspecteur général de l’Education nationale Charles Torossian, liste 21 mesures pour améliorer le niveau en mathématiques des élèves français, qualifié de « catastrophique ».

Les auteurs du rapport conseillent de lancer dès l’an prochain des évaluations de méthodes ayant fait leur preuve à l’étranger comme celle de Singapour. 20 Minutes revient sur cet enseignement fréquemment cité par les spécialistes.

Pourquoi la « méthode de Singapour » ?

A chaque classement PISA (Programme international pour le suivi des acquis), Singapour caracole en tête. Comment expliquer que cette cité-État d’Asie de 719,1 km² se classe désormais en tête de peloton alors que le pays figurait en bas du tableau dans les années 90 ? « En 1965, Singapour obtient son indépendance. Dans les années 80, ils ont fait de l’enseignement mathématique une priorité nationale », assure Monica Neagoy, docteur en didactique des mathématiques.

« Ils ont regardé les études existantes, analysé les facteurs de décrochage et construit un programme cohérent, qu’ils ont commencé à enseigner au milieu des années 1980 », poursuit la formatrice et spécialiste de la question. Pendant quinze ans, les autorités utilisent les retours de terrain pour perfectionner le programme et finalement, trouver la bonne formule.

De quoi s’agit-il ?

Les principes généraux sont la manipulation et l’expérimentation. L’enseignement doit suivre cette progression : concret-imagé-abstrait. « En primaire, et même avant, l’enfant est au stade des opérations concrètes. Il doit toucher, mesurer, construire avec ses mains, ressentir directement avec son corps, comme dans un jeu, ne surtout pas être passif. Il peut par exemple additionner trois gros cubes rouges et cinq bâtons bleus », explique la mathématicienne, qui a participé à la commission en tant qu’experte internationale.

Le rapport suggère d’ailleurs de proposer à toutes les écoles un équipement de base, accompagné de tutoriels, qui favorise la manipulation d’objets réels ou virtuels. Deuxième étape : l’imagé : « L’enseignant est là pour expliciter de manière progressive, le pourquoi ? Comment ? C’est le moment de la verbalisation, à travers des mots, des dessins », dit la spécialiste. Enfin, vient l’abstrait : le temps des formules, des chiffres, et des signes.

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« La méthode s’appuie sur une attitude positive, de confiance et de plaisir. L’enfant se dit : "je peux". A 7 ans, comment un écolier peut dire "je suis nul en maths, je n’aime pas ça ?" », s’interroge Monica Neagoy. « L’élève doit prendre conscience de ce qu’il est en train de faire, pour mieux le retenir. Le raisonnement à voix haute est très important.

Des professeurs à former

« Dans les méthodes comme celles de Singapour, on commence par de la manipulation et de l’expérimentation, on continue en nommant les choses et ensuite on est prêt à passer à l’abstraction », a expliqué Cédric Villani ce lundi. S’il n’y a pas d’enseignants suffisamment formés, elle ne peut fonctionner, a-t-il toutefois insisté. Cette pratique, ou d’autres équivalentes, est déjà mise en oeuvre dans certains établissements français. Mais le rapport préconise de la généraliser. Pour ça, les enseignants doivent être mieux formés.

« La France a les ressources humaines, intellectuelles pour être la number one en mathématiques. Ce que tous les gens auditionnés ont dit, c’est qu’il y avait un déficit dans la formation des enseignants », avance Monica Neagoy. « En comparaison, il y a 400 heures de maths en formation initiale à Singapour contre 80 heures en France. La méthode de Singapour n’est pas une méthode miracle. Il faut être bon en maths pour les enseigner », indique à RTL Jean Nemo, pionnier de cet enseignement en France.

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