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Zeev Sternhell : « En Israël pousse un racisme proche du nazisme à ses débuts »

Dans une tribune au « Monde », l’historien, spécialiste du fascisme, se lance dans une comparaison entre le sort des juifs avant la guerre et celui des Palestiniens aujourd’hui.

Publié le 18 février 2018 à 06h35, modifié le 12 mars 2018 à 12h29 Temps de Lecture 7 min.

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[L’annonce est autant symbolique que contestée à l’international : le 6 décembre 2017, le président américain Donald Trump a décidé de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël. L’ambassade américaine, actuellement établie à Tel-Aviv, ouvrira ses portes avant fin 2019. L’initiative a rapidement été saluée par le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. Depuis, à la Knesset, le Parlement, la droite mène une offensive sur plusieurs fronts. Le 2 janvier, les députés ont voté un amendement à la loi fondamentale, c’est-à-dire constitutionnelle, rendant impossible toute cession d’une partie de Jérusalem sans un vote emporté à la majorité des deux-tiers. Plusieurs députés ont aussi avancé des projets de loi visant à redéfinir le périmètre de la ville, en rejetant des quartiers arabes entiers se trouvant au-delà du mur de séparation, ou bien en intégrant de vastes colonies. Pour l’historien Zeev Sternhell, ces décisions visent à imposer aux Palestiniens d’accepter sans résistance l’hégémonie juive sur le territoire, les condamnant pour l’éternité au statut de population occupée.]

Zeev Sternhell (historien, membre de l’Académie israélienne des sciences et lettres, professeur à l’Université hébraïque de Jérusalem, spécialiste de l’histoire du fascisme).

Tribune. Je tente parfois d’imaginer comment essaiera d’expliquer notre époque l’historien qui vivra dans cinquante ou cent ans. A quel moment a-t-on commencé, se demandera-t-il sans doute, à comprendre en Israël que ce pays, devenu Etat constitué lors de la guerre d’indépendance de 1948, fondé sur les ruines du judaïsme européen et au prix du sang de 1 % de sa population, dont des milliers de combattants survivants de la Shoah, était devenu pour les non-juifs, sous sa domination, un monstre ? Quand, exactement, les Israéliens, au moins en partie, ont-ils compris que leur cruauté envers les non-juifs sous leur emprise en territoires occupés, leur détermination à briser les espoirs de liberté et d’indépendance des Palestiniens ou leur refus d’accorder l’asile aux réfugiés africains commençaient à saper la légitimité morale de leur existence nationale ?

La réponse, dira peut-être l’historien, se trouve en microcosme dans les idées et les activités de deux importants députés de la majorité, Miki Zohar (Likoud) et Bezalel Smotrich (Le Foyer juif), fidèles représentants de la politique gouvernementale, récemment propulsés sur le devant de la scène. Mais ce qui est plus important encore, c’est le fait que cette même idéologie se trouve à la base des propositions de loi dites « fondamentales », c’est-à-dire constitutionnelles, que la ministre de la justice, Ayelet Shaked, avec l’assentiment empressé du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, se propose de faire adopter rapidement par la Knesset.

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