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L’écrivain suisse Philippe Rahmy est mort

L’auteur, qui vient de publier « Monarques », s’est éteint le 1er octobre à Lausanne à l’âge de 52 ans.

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Publié le 06 octobre 2017 à 11h22, modifié le 06 octobre 2017 à 11h32

Temps de Lecture 3 min.

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Philippe Rahmy, en juillet 2017.

Poète et écrivain suisse qui plaça le corps au cœur de son interrogation du langage, Philippe Rahmy est mort d’une rupture de l’aorte le 1er octobre à Lausanne à l’âge de 52 ans. Sa vie oscille entre souffrance et lumière, à l’image de la tension entre ces pôles qui donnent à son œuvre sa force et sa beauté, pareillement suffocantes.

Enfant cloué au lit par la maladie des os de verre qui lui vaut des fractures incessantes, d’un simple mouvement impromptu dans son sommeil, il fréquente autant les hôpitaux que le domicile familial, bien plus que l’école. Mi-égyptien mi-français, son père Adly est un Arabe tolérant, imprégné de soufisme, mais ce bibliothécaire est une figure d’autorité trop absente, distant et tanceur, pour ne pas inspirer une « trouille bleue » à l’enfant, qui se réfugie dans la « tendresse indéfectible » de sa mère, Roswitha.

De vingt-cinq ans plus jeune que son époux, cette Allemande luthérienne le berce moins de ses bras, qui pourraient le meurtrir, que de ses mots, lui lisant des heures durant les grands récits bibliques et les Fables de La Fontaine, avant les romans classiques, Jules Verne en tête, pour le distraire de sa douleur. Lui écoute, bâillonné par un casque qui, s’il protège son crâne, l’empêche d’articuler. Jusqu’à ce qu’un jour, Le Grand Meaulnes achevé, il se redresse pour oser se lever et marcher. Des phrases comme des tiges d’acier. Et l’écrivain de confier : « Ces barres compactes de lettres ont remplacé mon maigre squelette. » Ossature de mots pour conjurer les maux qui l’accablent. « Par l’écriture et les livres, j’essaie de me créer un second corps. »

Malgré son handicap, Philippe Rahmy ne lâche pas la scolarité. Il est un élément brillant de l’Institut Florimont à Genève, avant de fréquenter l’université de Lausanne où il obtient une licence de philosophie. Le jeune homme qui s’est immergé dans la poésie, Baudelaire notamment, commence à écrire mais se rêve égyptologue et rejoint Paris et les cours de l’Ecole du Louvre. Mais les trésors des bibliothèques sont souvent hors d’atteinte pour le jeune handicapé qui s’épuise déjà à regagner sa chambre de bonne chaque soir. Au sixième étage sans ascenseur… Si la vie du Quartier latin l’enchante, employé au café Le Conti, il doit brusquement revenir en Suisse où son père meurt dans ses bras, fin 1983. Contraint d’abandonner ses formations en médecine comme en philologie, Rahmy laisse l’écriture et la poésie l’accaparer tout entier.

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