De Villiers. Des hauts gradés se sentent "humiliés"

Dans une lettre ouverte, 15 hauts gradés de l'armée ont interpellé le président de la République à la suite de ses propos à l'encontre du général Pierre de Villiers. S'ils n'entendent pas "parler au nom de l'Armée", ils estiment qu'il s'agit de leur "devoir" de faire part de leur "indignation".

Photo AFP / Etienne Laurent
Photo AFP / Etienne Laurent (AFP ETIENNE LAURENT)

Dans une lettre ouverte, reproduite par Capital, les hauts gradés - "Officiers de tous grades et des différentes armées ayant quitté le service actif" - déclarent que "l’armée est peut-être muette, mais elle n’est ni sourde ni aveugle, ni amnésique. Elle n’a pas été sourde quand elle a entendu et cru en vos promesses de campagne. Elle n’a pas été aveugle lorsque votre tout premier geste a été de vous rendre au chevet de ses blessés. Elle a apprécié le symbole qu’a représenté votre choix d’un véhicule de commandement le jour de votre prise de fonction, elle a été sensible à l’image de l’autorité restaurée que vous avez voulu afficher."

Humiliation publique, défaut d'humilité, manipulation

Mais depuis les propos d'Emmanuel Macron du 13 juillet dernier à l'encontre du général Pierre de Villiers, alors chef d'état-major, les signataires de cette lettre s'interrogent. "Est-il vraiment digne de réprimander, non seulement en public, mais devant ses subordonnés, un grand chef militaire, au sujet de propos destinés aux membres d’une commission parlementaire, au cours d’une audition censée être confidentielle ? [...] Cette humiliation publique est une faute, Monsieur le Président", notent-ils.

"Si votre jeunesse est une excellente chose, elle ne vous a pas apporté l’expérience du Service sous les armes. Personne ne vous le reproche, mais ceci implique un minimum d’humilité : commander n’est pas "manager". Ce défaut d’humilité est une erreur, Monsieur le Président", continuent-ils.

"Quant à l’argument consistant à dire au pays que la coupe budgétaire annoncée n’aura aucune incidence sur la vie de nos soldats, il est fallacieux et vous le savez. Il a été utilisé par vos prédécesseurs depuis des décennies et il est la cause des nombreux retards, diminutions, voire annulation de programmes, responsables du délabrement actuel de nos matériels ; situation que nos hommes vivent durement au quotidien, en conditions de guerre. En réalité vous mettez nos armées dans une situation encore plus tendue, vous le savez et vous manipulez la vérité. Cette manipulation est une faute Monsieur le Président", expliquent les signataires, dont cinq généraux et six colonels.

"Un grand nombre de militaires se sentent humiliés"

"En conclusion, vous aurez compris, monsieur le Président, que vos paroles publiques visant le général de Villiers n’ont pas seulement atteint ce grand serviteur de la France et de nos armées mais aussi un grand nombre de militaires qui, comme nous, se sentent humiliés", regrettent les hauts gradés, précisant que "la blessure est profonde. C’est pourquoi, loin des innombrables commentaires politiques, techniques ou simplement polémiques, nous pensons qu’il est de notre devoir de vous parler avec le cœur".

"Vous aviez bien commencé avec les symboles, et nous avons cru en votre parole ; mais aujourd’hui elle s’est transformée en mots inutilement destructeurs et vos récentes déclarations d’amour à Istres ne sont encore perçues que comme des mots, pour ne pas dire comme de la communication", soulignent encore ces officiers qui n'exercent plus.

"Alors, Monsieur le Président, réservez et retenez votre parole pour qu’elle redevienne La parole, la parole donnée, la parole qu’on tient : celle en laquelle nous pourrons croire à nouveau. Laissez les symboles et les discours et passez aux actes concrets pour vos militaires. Vous êtes leur chef constitutionnel, soyez-le dans leur vie réelle, écoutez-les, respectez-les."

Parmi les signataires, le général de brigade aérienne (2S) Diamantidis, le général de division aérienne (2S) Tsédri, le général de division aérienne (2S) Champagne, le général de brigade Gendarmerie (2S) De Cet, le général de brigade Terre (2S) Reydellet, le colonel Terre (ER) Wood, le colonel Terre (ER) Lerolle, le colonel Terre (ER) Noirot, le colonel Terre (ER) Aubignat, le colonel Air (ER) Piettre, le colonel Air (ER) Populaire, le médecin en chef (H) Reynaud, le Lieutenant-colonel Air (ER) Delalande, le chef de bataillon Terre (ER) Gouwy, le capitaine Terre (ER) Diamantidis.

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