ÉCOLOGIE - La diminution du nombre d'insectes devient "dramatique", selon les propres mots d'une étude allemande. En trente ans, la population des insectes volants a diminué d'environ 80% en Europe. Publiée ce mercredi 18 octobre dans la revue scientifique PLOS One, l'étude a été reprise par Le Mondele soir-même.
Les chercheurs qui en sont à l'origine ont basé leurs analyses sur les captures d'insectes réalisées en Allemagne par des pièges spécifiques depuis 1989. Des données qu'ils estiment pouvoir généraliser aux autres pays d'Europe. Après avoir croisé des données statistiques, ils estiment que l'agriculture intensive serait la cause plausible de cette diminution.
"Nos résultats documentent un déclin dramatique des insectes volants, de 76 % en moyenne et jusqu'à 82 % au milieu de l'été, dans les aires protégées allemandes, en seulement vingt-sept ans", détaillent Caspar Hallmann (université Radboud, Pays-Bas) et ses coauteurs.
"La perte de ces insectes a des conséquences néfastes certaines sur le fonctionnement des écosystèmes, puisqu'ils jouent un rôle central dans de nombreux processus", rappellent les scientifiques en guise d'introduction, comme la régulation des forêts, le traitement des déchets naturels, la chaîne alimentaire...
Menée dans 63 aires protégées représentatives en Allemagne pendant 27 ans, cette étude est la première de cette ampleur. Cité par Le Monde, Bernard Vaissière, chercheur à l'INRA et spécialiste de la pollinisation et des abeilles sauvages, explique: "généralement, ce type de travail est conduit sur un taxon, ou sur une espèce particulière". Si les résultats sont cohérents avec ceux des études antérieures, "le chiffre n'en est pas moins énorme".
L'intensification de l'agriculture, "cause plausible"
Ces aires protégées sont "représentatives des zones naturelles protégées d'Europe de l'Ouest" à basse-altitude, précisent les chercheurs à l'origine de l'étude, ce qui leur permet d'en généraliser les conclusions.
Face à des résultats impressionnants, un travail statistique a été mené sur les différents lieux observés, pour expliquer cette disparition de populations d'insectes. Les différents facteurs, comme la température des sols, la biodiversité végétales, "interviennent localement, mais ne peuvent pas expliquer le déclin au cours du temps", explique Bernard Vaissière.
Une "cause plausible" resterait donc, selon l'étude, l'intensification de l'agriculture. Les chercheurs pointent l'utilisation de pesticides, de fertilisants, la disparitions des haies qui entourent les champs ou les nouvelles méthodes de protection des semences. Parmi celles-ci, Le Monde cible l'enrobage des graines par des néonicotinoïdes, les pesticides "tueurs d'abeilles". D'après une autre étude publiée le 5 octobre dernier, leur trace a été retrouvée dans les trois-quart des miels, preuve de la transmission des produits chimiques depuis les champs cultivés vers les zones naturelles.
Face à cette situation "alarmante", "il y a un besoin urgent de révéler les causes de ce déclin, leur étendue géographique, et de comprendre ses ramifications sur les écosystèmes et les services rendus aux écosystèmes", conclut l'étude.
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