L'écrivain Mathieu Riboulet est mort

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L'écrivain Mathieu Riboulet est mort

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Mathieu Riboulet en 2012 lors de l'obtention du Prix Décembre pour "Les Oeuvres de Miséricorde"
Mathieu Riboulet en 2012 lors de l'obtention du Prix Décembre pour "Les Oeuvres de Miséricorde"
© Getty - John van Hasselt

Poétique, un peu mystique, menant depuis une vingtaine d'années une quête très personnelle autour de l'écriture et du récit, Mathieu Riboulet est mort ce 5 février. Pour ses livres, l'écrivain fut à de nombreuses reprises l'invité des émissions de France Culture. Sélection.

C'est un homme à la voix discrète qui vient de s'éteindre à l'âge de 57 ans. Son éditrice aux éditions Verdier, Colette Olive, a annoncé ce mardi 6 février la mort de l'écrivain Mathieu Riboulet. Ce mardi dans la Grande table, l'historien Patrick Boucheron louait son écriture "magnifique" et sa "manière de comprendre ce qui nous fait si difficilement contemporain".

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Il avait fait des études de cinéma puis s'est tourné ensuite vers la littérature, dans les années 1990, pour réaliser une oeuvre d'une quinzaine d'ouvrages parus essentiellement aux éditions Verdier. Des récits souvent marqués par l'art et le désir homosexuel, poétiques, à la charnière de l'autobiographie et de la fiction comme récemment Entre les deux il n'y rien, éveil à la conscience politique et au désir dans les années 1970. Des essais aussi comme Prendre dates, co-écrit avec Patrick Boucheron, qui interrogeait ce moment très particulier des attentats de Paris en janvier 2015. Sur ces deux ouvrages, il était il y a un an, en février 2017, l'invité de Frédéric Worms dans Les Discussions du soir où il expliquait comment il s'était mis pour la première fois à écrire sur l'actualité et à la mettre en relation avec l'Histoire, son histoire : 

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L'événement "inaugural" de janvier m'a saisi dans la rage que je venais à peine de déposer relative aux années 1970.

"Dans la commémoration officielle il y a une dimension figée qui rend un peu inopérante la force de la mémoire (…). Au fond, qu’est-ce que c’est que ça ? Est-ce que vraiment ça continue à nous dire quelque chose ? Est-ce que ça peut continuer à agir en nous ?" disait-il aussi des événements de 2015 dans la Grande table en 2016.

Invité de Hors-champs en 2015, il se racontait et présentait ses recherches en écritures comme une longue quête presque métaphysique : "Hors de l’écriture, j’ai le sentiment que c’est la confusion. A l’écrit, j’ai le sentiment de comprendre les choses, alors que le monde m’est globalement opaque à l’oral".

La mise au tombeau comme geste d'écriture toujours recommencé (et poétique) : en 2016, Mathieu Riboulet participait à l'émission Poésie et ainsi de suite pour son ouvrage Or, il parlait du sanctuaire de son corps, manière de donner corps aux Evangiles et à ceux qui traversent le Livre "du bout de leurs sandales", à commencer par Joseph d'Arimathie. 

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