Ross Brawn revient sur la carrière de Michael Schumacher

De Benetton à Mercedes

Par Franck Drui

6 septembre 2016 - 13:46
Ross Brawn revient sur la carrière (...)

Cela fait 25 ans cette année que Michael Schumacher a commencé sa carrière en Formule 1, lors du Grand Prix de Belgique. Ross Brawn, l´ingénieur talentueux toujours très convoité en Formule 1, connaît très bien le septuple champion du monde. Ils ont en effet collaboré très longtemps, au sein de plusieurs écuries différentes. Le Britannique évoque les aptitudes du pilote allemand.

Brawn, qui était directeur technique chez Benetton lors des débuts de Schumacher, révèle l´intérêt déjà très vif d´intégrer l´Allemand à son écurie.

« À l´époque, nous étions déjà en négociation avec lui. Chez Benetton, Tom Walkinshaw et moi-même étions en train de restructurer l´équipe. Nous connaissions déjà Michael et c´est pourquoi nous avions un avantage face aux autres écuries. Nous le voulions absolument. Pour moi, ça n´a pas été une grosse surprise de voir Michael si bien se battre sur la piste à Spa (avec Jordan). »

Le souhait du Britannique s´est réalisé puisque Schumacher pilota pour Benetton dès le Grand Prix suivant, à Monza.

« Il était déjà sûr de lui, il n´avait pas peur de dire ce qu´il ressentait mais il critiquait toujours de manière constructive et toujours en interne. De plus, sa formation de mécanicien a contribué à avoir très tôt une bonne compréhension de la voiture. Sur la piste, il a su se faire respecter très rapidement, car il ne laissait aucune place aux autres lors des duels. Il faut préciser que Michael n´est pas arrivé dans une équipe championne du monde, mais il a bâti avec nous cette équipe pour qu´elle devienne championne. En 1994, lorsque nous avons eu une voiture avec laquelle il pouvait se battre pour le titre, il était fin prêt. »

Brawn revient sur le premier titre mondial de Schumacher de 1994, qui a été très discuté à cause de l´accrochage de l´Allemand avec Damon Hill, qui se battait aussi pour le titre.

« Bien sûr que ce n´est pas particulièrement agréable de gagner le championnat de cette façon. Mais nous l´avions mérité. Nous n´étions pas une équipe "constructeur", mais nous avons tout de même battu cette année des équipes de pointe comme Ferrari. Michael a beaucoup appris pendant cette année 1994 et a évolué. C´était pour lui son premier titre, mais c´était aussi mon premier titre en tant que directeur technique. C´est pourquoi Adélaïde a été une course très émouvante. »

Beaucoup de personnes qui ont travaillé auprès du Baron Rouge disent qu´il travaillait merveilleusement bien au sein d’une équipe.

« C´était une de ses forces naturelles. Il adorait être membre d´une équipe. Il connaissait non seulement tous les mécaniciens, mais aussi leurs femmes et leurs enfants » confirme Brawn.

« Il savait qu´il n´était pas le seul à gagner le championnat : il était clair pour lui que l´on gagnait en équipe. Bien sûr, c´est lui qui signait les performances sur la piste, mais pendant 3 ans, il a aussi pris part à une grande partie de la construction de l´équipe, avant que nous remportions pour la première fois le championnat. »

Le Britannique fit preuve d´une grande compréhension envers Schumacher lorsque ce dernier quitta Benetton pour rejoindre Ferrari.

« Michael avait besoin d´un nouveau défi, et pour lui c´était Ferrari. Il n´a pas eu besoin de m´expliquer pourquoi il partait. À l´époque, il n´était pas question que je le suive : Ferrari avait une équipe au complet et il n´y avait pas de place pour moi. »

« Lors de sa première année à Maranello, Michael a réalisé que lui et moi étions plus qu´une simple relation de travail. Nous pouvions nous faire confiance et bâtir ensemble. Il m´a aussi manqué, lorsqu´il est parti. Puis l´occasion d´aller chez Ferrari s´est offerte à moi. C´est une écurie géniale : nous avions du succès parce que nous possédions deux circuits pour les tests et un budget conséquent. Mais surtout, nous avions une équipe composée de gens brillants. »

« Michael était indispensable à Ferrari : il était un pilote talentueux, mais il avait aussi un bon esprit d´équipe. Chez nous, il n´y avait aucune politique interne. Quand il y avait un problème, nous en parlions sans gêne. C´est ça qui nous a rendus si forts. »

Schumacher s’était retiré pour la première fois de la compétition en 2007 et avait fait son grand retour en tant que pilote en 2010 chez Mercedes, où Brawn était également.

« Quand Jenson Button m´a annoncé qu´il quittait l´équipe pour rejoindre McLaren, la première chose que j´ai faite avec Norbert Haug, c´est d´essayer de joindre Michael. Le convaincre de revenir ne fut pas difficile : la Formule 1 lui manquait. Les personnes comme Michael vivent pour la compétition et la course. Nous avions quelques doutes quant à sa compétitivité. Cela m´a pas mal frustré de n´avoir pas pu lui donner la voiture qu´il méritait. Il n´a jamais eu l´occasion chez Mercedes de montrer de quoi il était vraiment capable. »

Selon l´ingénieur, même si les résultats du champion du monde n´étaient pas impressionnants, sa collaboration avec l’équipe aux Flèches d´Argent a été bénéfique.

« Michael a contribué à ce que l´équipe devienne par la suite championne du monde. Je ne crois pas qu´il a regretté son retour, même s´il a été frustré que le succès ne soit pas arrivé plus tôt. »

Depuis son accident de ski en 2013, peu d´informations filtrent sur l´état du champion du monde.

« Je suis en contact avec la famille et j´ai vu Michael plusieurs fois. Nous prions chaque jour, pour qu´il fasse des progrès et qu´il puisse à l´avenir savourer sa vie. La vie peut être vraiment cruelle. C’est une personne tellement merveilleuse. Ce qui s´est passé est tragique » se désole Brawn.

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