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Repousser l'âge d'admissibilité au repêchage : une idée extraordinaire pour nos hockeyeurs

Pat Lafontaine

Pat Lafontaine

Photo : La Presse canadienne / ED BETZ

BILLET – Au-delà de la réduction de la taille de l'équipement des gardiens et du sempiternel débat entourant le recours aux reprises télévisées pour contester les décisions des officiels, il y a une idée extraordinaire qui circule dans le monde du hockey par les temps qui courent et qui aiderait considérablement les jeunes hockeyeurs canadiens. Cette idée? Rehausser l'âge d'admissibilité au repêchage de la LNH.

Un texte de Martin LeclercTwitterCourriel

Pour des raisons historiques, le hockey junior majeur canadien s'adresse à un groupe de joueurs âgés de 16 à 20 ans.

Du côté américain, ce sont les rangs universitaires qui constituent le dernier palier d'excellence chez les amateurs.

Et les joueurs qui évoluent dans la NCAA peuvent s'y développer jusqu'à l'âge de 23 ou 24 ans.

Bien après que l'industrie du hockey junior se soit installée au Canada, la science a nettement établi que le hockey est un sport à développement tardif et que les hockeyeurs atteignent en général leur apogée peu après la mi-vingtaine.

Lorsqu'on compare les systèmes canadien et américain, il est donc clair que les hockeyeurs du pays de l'Oncle Sam sont avantagés.

Il y a environ 1200 hockeyeurs d'élite, âgés de 20 à 23 ans, qui se développent dans la NCAA, alors que les jeunes Canadiens du même âge sont poussés vers la retraite ou contraints de choisir la misère des ligues mineures professionnelles (où la notion de développement n'existe à peu près pas).

Quelques anciens des ligues juniors majeures canadiennes optent pour le hockey universitaire canadien qui, toutefois, est presque totalement ignoré par les recruteurs de la LNH.

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Repêchage dans la LNH

Qui plus est, les règles du repêchage de la LNH désavantagent grandement les joueurs provenant des rangs juniors majeurs canadiens par rapport aux joueurs développés par les universités américaines.

Par exemple, lorsqu'une équipe de la LNH sélectionne un joueur junior majeur de 18 ou 19 ans au repêchage, l'équipe doit absolument le mettre sous contrat avant le 1er juin de l'année suivante.

Par contre, si la même équipe sélectionne un joueur universitaire américain, elle jouit d'un délai de quatre ans pour suivre sa progression et décider si le joueur en question mérite ou non un contrat.

La conséquence est claire : quand vient le temps de choisir des joueurs dont le développement apparaît moins certain, les équipes de la LNH préfèrent se tourner vers ceux qu'ils peuvent suivre durant quatre ans.

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Depuis quelque temps, Pat LaFontaine, un Américain qui a porté les couleurs du Canadien junior de Verdun dans la LHJMQ et qui a été admis au panthéon du hockey, tente de rallier les principales ligues amateurs nord-américaines autour d'une idée.

Pat LaFontaine (à droite) en compagnie de l'entraineur Ted Nolan

Pat Lafontaine (à droite) en compagnie de l'entraineur Ted Nolan

Photo : La Presse canadienne / Charles Lewis

« Pourquoi ne repousserions-nous pas d'une année (de 18 à 19 ans) l'âge d'admissibilité au repêchage? »

Cette idée simple ferait l'affaire de tout le monde :

- Les recruteurs, qui soulignent tout le temps à quel point il est difficile de prévoir le développement à long terme d'un athlète qui commence une saison de hockey à 17 ans et qui est admissible au repêchage au mois de juin suivant.

- Les dirigeants d'équipes de la LNH, qui sont forcés d'offrir des contrats à des jeunes qui débutent à peine leur développement.

- Les joueurs canadiens, qui sont lésés au repêchage notamment parce que les équipes doivent prendre des décisions rapides à leur sujet.

- Les universités américaines, qui voient les joueurs exceptionnels quitter leurs études prématurément pour tenter leur chance au hockey professionnel.

- Les dirigeants d'équipes juniors majeures, qui voient leurs meilleurs joueurs partir prématurément pour jouer dans les rangs professionnels.

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Repousser de 18 à 19 ans l'âge d'admissibilité au repêchage permettrait aux circuits juniors majeurs canadiens de se réinventer, tout en offrant une année de développement et de visibilité supplémentaire à leurs joueurs.

Par exemple, cette mesure permettrait de rehausser à 21 ans l'âge d'admissibilité dans les rangs juniors, au lieu de 20 ans.

Et surtout, cette mesure pourrait mettre fin à l'une des grandes absurdités de notre époque : le repêchage tous azimuts des joueurs de 15 ans dans le hockey junior majeur et la promotion prématurée d'un grand nombre de joueurs de 16 ans dans les trois ligues juniors majeures canadiennes.

Le système actuel fait en sorte que des enfants de 15 ans se retrouvent à avoir un agent. Ils sont ensuite contraints de quitter le domicile familial et sont plongés dans la jungle du hockey junior majeur à 16 ans, alors qu'ils n'ont pas fini l'école secondaire.

En plus, dans la très grande majorité des cas, les joueurs de 16 ans croupissent sur le banc de leur équipe junior et perdent une précieuse année de développement.

Bref, le système actuel n'est optimal ni pour les études ni pour la carrière sportive de nos meilleurs hockeyeurs.

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Tom Renney

Tom Renney

Photo : La Presse canadienne / John Ulan

Le président de Hockey Canada, Tom Renney (lui-même un ancien entraîneur de la LNH), a récemment déclaré que repousser l'âge d'admissibilité au repêchage permettrait aux joueurs de 16 ans de mieux se développer et de se préparer aux rigueurs du hockey junior majeur dans une sorte de super ligue midget.

On croit rêver. Au Québec, c'est exactement le rôle que remplissait parfaitement la Ligue de hockey midget AAA, il y a 20 ans, à l'époque où le Québec développait des joueurs de la LNH à la pelletée.

De nos jours, la Ligue midget AAA regroupe des joueurs de 15 ans, des joueurs de 16 ans qui ne sont pas capables d'évoluer dans la LHJMQ et des joueurs de 17 ans qui n'ont aucune raison de jouer dans ce circuit de développement.

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Certains arguent qu'il serait illégal d'empêcher les joueurs de 18 ans de se rendre admissibles au repêchage et de gagner leur vie dans la LNH. C'est un peu absurde.

On parle ici de formation nécessaire pour accéder au groupe des 700 meilleurs hockeyeurs de la planète. On parle ici de super élite mondiale.

Bon an mal an, les joueurs de 18 ans qui parviennent à la LNH se comptent sur les doigts d'une seule main.

Au pire, on pourrait permettre aux équipes détenant les cinq premiers choix au repêchage de sélectionner des joueurs exceptionnels de 18 ans, quitte à les obliger à les faire jouer régulièrement la saison suivante.

Chose certaine, ne serait-ce que pour être cohérents avec les connaissances scientifiques dont nous disposons, il faudra un jour reconnaître que le système actuel est dépassé et qu'il ne favorise pas la maturation optimale des hockeyeurs canadiens et québécois. 

À toute épreuve, le blogue de Martin Leclerc.

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