« C’est le moment où les choses sérieuses vont commencer », sourit-il, avec gourmandise. Après six mois de travail et près de 200 auditions, Aurélien Taché devait remettre son rapport sur l’intégration des immigrés au premier ministre, lundi 19 février. Un document très attendu, alors que le gouvernement finalise son projet de loi asile-immigration. Chargé par Edouard Philippe, le 21 septembre 2017, d’une mission sur la « refonte » de la politique d’accueil et d’accompagnement des étrangers en France, le député La République en marche (LRM) du Val-d’Oise formule de multiples propositions devant enrichir le texte du gouvernement, avant sa présentation en conseil des ministres le 21 février.
Après l’asile et l’immigration, son « plan » sur l’intégration constitue le troisième volet de la réforme préparée par le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb. Un axe majeur du dispositif, a prévenu Emmanuel Macron. Après avoir affiché l’intégration des étrangers comme une priorité pendant sa campagne, le chef de l’Etat mise sur les recommandations d’Aurélien Taché pour donner un visage plus social à sa politique migratoire, critiquée pour sa « dureté » dans le monde associatif et intellectuel, et jusque dans les rangs de la majorité. Lors de son déplacement à Calais, le 16 janvier, M. Macron avait souligné que les « propositions ambitieuses » de M. Taché avaient vocation à « alimenter le projet de loi ».
Chef de file des humanistes
Le jeune élu de 33 ans y compte bien. « Je vais essayer de convaincre le gouvernement de reprendre un maximum d’éléments de mon rapport », affirme-t-il avec aplomb, en déclinant ses priorités : améliorer l’offre d’apprentissage du français, et faciliter l’accès à l’emploi et au logement « pour tous les étrangers qui ont vocation à s’installer durablement en France ». Soit près de 130 000 personnes par an. Aussi bien les réfugiés ayant obtenu l’asile que les immigrés venus dans le cadre du regroupement familial.
Un effort qu’il juge nécessaire pour améliorer l’intégration, régulièrement critiquée pour son manque d’ambition et de moyens.
« Les immigrés ont une formidable envie de s’en sortir. Il faut donc leur donner les moyens d’être autonomes, en rétablissant l’égalité entre les Français et eux dans l’accès à l’emploi et au logement », souligne celui qui incarne la jambe gauche de la majorité sur ce projet de loi.
Et qui s’est imposé au sein du groupe LRM comme le chef de file des humanistes face aux partisans de la fermeté. Quand certains députés macronistes toussaient en silence, lui n’a pas hésité à lancer des avertissements publics à Gérard Collomb, ces dernières semaines, en lui rappelant la nécessité de « veiller à l’équilibre du texte ».
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