Le commissaire Pierre Vandersmissen attaque la zone de police Bruxelles-Ixelles au Conseil d'Etat

Le commissaire Pierre Vandersmissen.

© NICOLAS MAETERLINCK - BELGA

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Par Karim Fadoul

Le commissaire de police Pierre Vandersmissen, actif au sein de la zone Bruxelles-Capitale-Ixelles a introduit une action auprès du Conseil d'Etat, comme l'a appris la RTBF. Le recours vise sa propre hiérarchie dans le cadre de la sélection, en 2016, d'un nouveau chef de zone.

Selon des sources internes, Pierre Vandersmissen, policier médiatisé suite à une violente agression subie lors d'une manifestation le 24 mai 2016, contesterait les résultats de son évaluation. La commission de sélection l'avait jugé "inapte" à la fonction de chef de zone et lui avait préféré Michel Goovaerts. En septembre 2016, le collège de police réunissant les bourgmestres de la Ville de Bruxelles (Yvan Mayeur, à l'époque) et Ixelles (Dominique Dufourny) entérinaient ce choix avant une nomination définitive par le ministre de l'Intérieur quelques semaines plus tard. Michel Goovaerts est entré en fonction le 1er janvier 2017.

Un commissaire "inapte" pour le poste de chef de zone

Pour Pierre Vandermissen, l'avis de la commission de sélection concernant son dossier de candidature lui porte préjudice. Avec la mention "inapte", impossible pour lui de postuler à d'autres fonctions policières, au sein de la zone, comme à l'extérieur. Impossible non plus pour lui de pouvoir assumer la gestion de la zone de police en cas d'absence de Michel Goovaerts.

Un vice de procédure selon M. Vandersmissen

A l'agence Belga, Pierre Vandersmissen a démenti cette motivation. Dans son action au Conseil d'Etat, il dénonce, dit-il, un vice de procédure dans la sélection des remplaçants du chef de zone actuel, Michel Goovaerts. Après la prise de fonction de ce dernier en janvier 2017, le collège de police avait désigné les remplaçants du chef de zone en cas d'absence. Trois personnes ont été désignées, "dont seule une est légitime à mes yeux. Les deux autres n'ont jamais exercé de fonction opérationnelle et manquent clairement d'expérience". "Leur désignation n'est pas légitime. Selon la jurisprudence du Conseil d'Etat, les titres et mérites de tous les commissaires divisionnaires de la zone de police doivent être comparés", dénonce M. Vandersmissen, précisant au passage le caractère tendu des relations entretenues avec M. Mayeur. "Il y a une dizaine de commissaires divisionnaires au sein de la zone. Je ne suis pas le seul à avoir été écarté."

Pierre Vandersmissen a également souligné à l'agence Belga que l'avis de l'auditeur du Conseil d'Etat lui était favorable, ayant estimé que "l'acte du bourgmestre n'était pas légal dans les formes".

Une première audience est prévu au Conseil d'Etat le 16 février prochain. Sollicités par la RTBF, ni le bourgmestre de Bruxelles Philippe Close (PS) ni l'avocat de la zone de police Maître Marc Uyttendaele n'ont souhaité commenter le recours du commissaire Vandersmissen.

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L'arrestation du président de la Ligue des Droits de l'Homme

Ce dernier, on l'a dit, n'est pas un inconnu des médias et fait régulièrement l'objet de critiques de la part des milieux de gauche. Ceux-ci ont régulièrement pointé ses méthodes musclées dans le cadre de sa gestion des manifestations et le qualifient de "cow-boy". Peu après les attentats du 22 mars, face aux caméras, le commissaire Vandersmissen procédait à l'arrestation du président de la Ligue des Droits de l'Homme Alexis Deswaef, au pied de la Bourse. Ce dernier participait à une marche interdite dans le centre de Bruxelles pour dénoncer les débordements survenus lors d'une mobilisation de hooligans une semaine auparavant au même endroit. Mobilisation marquée par des violences qui n'avaient pas pu être empêchées par les hommes du commissaire Vandersmissen, selon Alexis Deswaef.

Le 24 mai 2016, une manifestation nationale contre les mesures gouvernementales d'austérité dégénère dans le quartier Midi. Pierre Vandersmissen, chef des services d'ordre dans les manifs depuis 15 ans, décide de passer physiquement à l'action et de repousser lui-même les fauteurs de troubles. L'un d'eux assène alors un violent coup à la tête du commissaire. Pierre Vandersmissen s'effondre littéralement: des images filmées et largement relayées sur les réseaux sociaux. Secouru par ses collègues, Pierre Vandersmissen est transporté à l'hôpital où il se verra placer 24 points de suture. Son agresseur, un militant FGTB, se rendra plus tard à la police. Le 30 juin 2016, l'agresseur sera condamné à deux ans de prison avec sursis.

Le commissaire Vandersmissen, au sol, après son agression.
Le commissaire Vandersmissen, au sol, après son agression. © DIRK WAEM - BELGA

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