Avant d'être nommé par François Mitterrand à la place Vendôme, Pierre Arpaillange aura été procureur général de Paris puis de la Cour de cassation. Ici l'ancien ministre, le 27 mai 1988.

Avant d'être nommé par François Mitterrand à la place Vendôme, Pierre Arpaillange aura été procureur général de Paris puis de la Cour de cassation. Ici l'ancien ministre, le 27 mai 1988.

AFP/Joël Robine

C'est un grand nom de la magistrature française qui vient de disparaître. Pierre Arpaillange, ministre de la Justice de 1988 à 1990, est décédé mercredi à l'âge de 92 ans à Cannes. Né à Carlux (Dordogne) en 1924, cet ancien résistant aura réalisé une brillante carrière au sein de l'appareil judiciaire. Entré dans la magistrature dès 1949, il aura été, au début des années 1960, coup sur coup secrétaire général du parquet de la cour d'appel de Paris puis de la Cour de cassation.

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Durant la même décennie, il pénètre des arcanes plus politiques. Il est devient directeur de cabinet du garde des Sceaux Jean Foyer (1962-1967), puis rempile au service de Louis Joxe (1967-1968) et, dans les années 1970, de Jean Taittinger.

Parallèlement, il aura occupé la fonction de directeur des affaires criminelles et des grâces, rattachée au ministère de la Justice. C'est pendant cette période qu'il parvient à circonscrire l'incendie né de la fameuse affaire Markovitch, à travers laquelle Georges Pompidou, à l'époque candidat à l'élection présidentielle de 1969, voit son épouse prétendument mêlée à un assassinat sur fond de soirées échangistes.

Le "rapport Arpaillange"

Un des points d'orgue de sa carrière survient en 1972, lorsqu'un projet de réforme de la justice pénale, qui porte son empreinte, fuite dans les colonnes du Monde. Le "rapport Arpaillange" plaide notamment pour une indépendance accrue des magistrats et une humanisation de l'univers carcéral. Il sera d'ailleurs publié en librairie en 1980 sous le titre La simple justice (Julliard).

Après avoir été procureur général de Paris (1981-1984) puis procureur général près la Cour de cassation (1984-1988), il accède au poste de garde des Sceaux du nouveau gouvernement Rocard. François Mitterrand ne lui a pas tenu rigueur d'avoir été, pendant l'élection présidentielle de 1981, directeur de campagne de la gaulliste Marie-France Garaud.

Deux ans garde des Sceaux

Sa nomination est tributaire de la volonté du président de la République d'ouvrir les portes du gouvernement à une personnalité issue de la société civile. Un choix que Michel Rocard n'approuvait pas. Cela explique, pour partie, le caractère inachevé du passage de Pierre Arpaillange place Vendôme. D'autant qu'à l'époque, le Parti socialiste (dont il est tout sauf un membre) est englué dans la ténébreuse affaire Urba. Un cadeau empoisonné pour un ministre de la Justice en poste, qui plus est lorsqu'il n'est pas adepte du jeu politicien.

À l'issue de son bail à la chancellerie, François Mitterrand le nomme premier président de la Cour des comptes, en octobre 1990. Âgé à l'époque de 66 ans, il ne reste pas longtemps en poste. Il prend sa retraite en 1993.

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